L'”Abruti de fonctionnaire” est suspendu

Après Aurélie Boullet, alias Zoé Shepard, c'est au tour de Jérôme Morin d'être mis à pied pour son livre publié sous le pseudonyme d'Henri Rouant-Pleuret. Dans "Abruti de fonctionnaire", il narrait le quotidien de Fabien, père de famille et cadre de la fonction publique dans une mairie. Celle de Pontault-Combault, son employeur, n'a pas apprécié.

Trois ans après l’exclusion d’Aurélie Boullet du Conseil régional d’Aquitaine pour son livre “Absolument dé-bor-dée !”, c’est au tour de Jérôme Morin d’être sanctionné pour la publication d’un roman, sous titré “Le Dictionnaire de la dysfonction publique”, où il décrit “anonymement” sa souffrance au sein d’une collectivité. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le tribunal administratif n’a pas du tout aimé le pamphlet puisqu’il l’a condamné à 18 mois de mise à pied, dont 6 avec sursis.
Pourtant, employé à la mairie de Pontault-Combault, l’auteur Jérôme Morin, 39 ans, avait pris le soin de publier son livre sous pseudonyme pour exprimer, mais aussi “dénoncer (sa) situation professionnelle vécue (harcèlement moral, mise au placard)” et “raconter comment fonctionnent réellement les administrations, tout ça sur un ton humoristique”, sans jamais mentionner le nom de la municipalité”, explique son avocate son avocate Me Delphine Krust à l’AFP.


5.000 exemplaires vendus et le soutien de ses collègues

En somme, une forme d’exutoire pour ce jeune auteur qui ne se doutait pas des conséquences et, encore moins de la réaction de la maire : “S’est-il préoccupé des gens dont il parlait dans son livre lorsqu’il a rendu les choses publiques” s’interroge Monique Delessard auprès de nos confrères du Parisien. “Je me dois de protéger les agents de la ville. Ces douze mois de mise à pied permettront de mettre de la distance entre Jérôme Morin et les autres fonctionnaires.”

Choqué par la décision du tribunal, Jérôme Morin a tout de même reçu de nombreux soutiens et, parmi eux, ceux de Zoé Shepard et de plusieurs de ses collègues qui assurent vivre la même situation. Il a d’ailleurs décidé de faire appel car, estime-t-il, “la situation que je décris dans le livre n’a pas été prise en compte dans le jugement.”

Ce n’est qu’un an après la parution de ce livre, édité à compte d’auteur et vendu à environ 5.000 exemplaires, que Jérôme Morin a été dénoncé à la presse et épinglé par son service. “Je ne regrette rien ! Il fallait que ça sorte”, lance-t-il.

C’est sorti, mais il ne se doutait certainement pas que l’anonymat ne le protègerait en rien…

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