Climat : à 3 mois de la COP21, la France joue sa crédibilité

François Hollande et Manuel Valls se sont exprimés ce 10 septembre depuis l'Elysée sur l'engagement de la France pour le climat. L'occasion de clarifier une politique critiquée pour son manque d'exemplarité.

La France s’engage pour le climat. C’est le message que le gouvernement veut faire passer. François Hollande organise ce 10 septembre à l’Elysée un événement réunissant toutes les parties prenantes de la société civile : entreprises, collectivités locales, ONG, le monde culturel… L’objectif est aussi de montrer que la France est en mouvement, à travers ses projets de territoires à énergie positive ou encore de sa Stratégie nationale bas carbone. C’est l’une des nouveautés issues de la loi de transition énergétique : le projet de Stratégie nationale bas carbone a été mis en consultation publique jusqu’au 22 septembre. Ce document va définir la politique française de réduction des émissions de gaz à effet de serre. « Sans délai, les mesures de la loi de transition énergétique avancent donc dans leur mise en œuvre. Ainsi, la Stratégie nationale bas carbone pourra être publiée à l’automne, avant la conférence sur le climat Paris 2015 », s’est félicité le ministère de l’Écologie. Mais cet enthousiasme est contesté.


La France attendue au tournant

Il faut dire que la préparation de la COP21 entre dans sa dernière ligne droite. La semaine passée, les négociateurs se sont réunis à Bonn pour travailler sur le projet d’accord. Les 6 et 7 septembre, s’est tenue une réunion ministérielle internationale dite « informelle ». L’objectif était de dissiper des malentendus et d’esquisser des points de convergence. Par exemple, sur les moyens technologiques et financiers pour mettre en œuvre les politiques climatiques. En tant que pays hôte de la COP21, la France est attendue au tournant. Un sujet est surveillé de près : le décret d’application sur l’obligation de reporting des sociétés financières, notamment leur exposition aux risques climatiques. Publication prévue en octobre.

Un autre sujet est plus polémique. « Le gouvernement français peine terriblement à arbitrer sur l’arrêt du financement des centrales à charbon, alors que c’était un engagement du président de la République », dénonçait le 1er septembre Yannick Jadot. L’eurodéputé écologiste s’exprimait à l’occasion d’une conférence sur le désinvestissement des énergies fossiles. Ce 10 septembre, Manuel Valls aura-t-il rassuré ? Le Premier ministre a confirmé la suppression des crédits export pour tous les nouveaux projets de centrales à charbon qui ne sont pas équipées de stockage de CO2. Le 3 septembre, plusieurs ONG étaient montées au créneau sous la houlette du réseau Action climat France. « La France est en retard dans tous les domaines de la transition énergétique », assène Morgane Créach, directrice du réseau Action climat France. « Son rôle d’organisatrice de la COP21 sert de cache-misère à la faiblesse de sa propre politique climatique. »


Cinq mesures à prendre

Pour y remédier, les ONG ont listées les 5 mesures que la France doit adopter : relancer le développement des énergies renouvelables et publier la programmation pluriannuelle de l’énergie ; stopper le financement public aux centrales à charbon et engager les énergéticiens dont l’État est actionnaire dans la sortie du charbon ; adopter la taxe sur les transactions financières et affecter une partie de l’argent récolté à la lutte contre le changement climatique ; profiter du prochain projet de loi de finance pour relever de 22 à 32 euros la tonne de CO2 dans la composante carbone des taxes sur l’énergie de l’année 2016 ; accompagner les alternatives à la voiture en confortant le réseau ferroviaire Intercité, en promulguant le décret fixant le montant de l’indemnité kilométrique vélo et en lançant un appel à projets pour soutenir les infrastructures cyclables. Cet appel sera-t-il entendu ?

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