A quelques jours du démarrage officiel de l’Euro 2016, le décret relatif à la publicité sur l’emprise des équipements sportifs tombe à point nommé. Pris pour l’application de la loi Macron du 6 août 2015 (article 223), le texte fixe en effet un régime dérogatoire dont bénéficient les publicités dans l’emprise des grands stades. Mis en consultation par le ministère de l’Environnement en janvier dernier, ce texte synonyme de panneaux “XXL” a provoqué une levée de boucliers de la part des associations de défense du paysage qui demandaient son retrait pur et simple. Ces dernières n’ont pas obtenu gain de cause. Jusque-là cantonnés aux enceintes des gares ou aéroports, ces grands formats (50 m2), lumineux ou non, seront installés dans des équipements sportifs – situés “en agglomération et hors agglomération” – d’une capacité d’accueil d’au moins 15.000 places assises. Une cinquantaine d’enceintes sont ainsi éligibles au dispositif. Le but affiché par le ministère est clair : “dégager des financements pour les propriétaires de ce type d’équipement, notamment les collectivités locales”.
Victoire en demi-teinte
Le texte qui portait initialement l’ambition – à travers six articles – de simplifier “la réglementation des publicités, enseignes et préenseignes” est en revanche amputé des nombreux “ajustements” au dispositif réglementaire issu de la loi Grenelle 2 également jugés inacceptables par les associations. En particulier, la possibilité d’installer des dispositifs scellés au sol dans certaines agglomérations de moins de 10.000 habitants lorsque les spécificités locales communales peuvent le justifier. De même ne figure plus dans la version finale la disposition proposant de revenir sur le mode de calcul de la surface des panneaux “fixé depuis 35 ans par la loi”, rappelle Paysages de France. Le recul du gouvernement – plus précisément de la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal – sur ce point représente une “impressionnante victoire”, selon l’association. Mais l’article 1 du décret concernant la publicité dans les stades restait quant à lui plus que jamais d’actualité à l’approche de l’Euro 2016. Le ministère de l’Economie n’a pas plié, tout en concédant du terrain sur la durée du régime dérogatoire mis en place. “Le prétexte de la dérogation envisagée est l’Euro 2016. Or les mesures prévues ne sont pas limitées dans le temps alors que, bien évidemment, cette manifestation l’est !”, objectait Paysages de France.
Durée limitée
Le décret a finalement pour principal et unique objet de décrire la procédure d’autorisation applicable aux dispositifs publicitaires dérogatoires sur l’emprise des équipements sportifs, qu’il s’agisse des règles d’emplacement, de surface ou de hauteur maximales. Une élévation du dispositif “supérieure à dix mètres” pourra en particulier être autorisée. S’il existe un règlement local de publicité, les compétences en matière de police de la publicité sont en principe exercées par le maire. Mais à défaut c’est le préfet qui est aux commandes. A l’intérieur des agglomérations, l’article L.581-10 du code de l’environnement soumet cependant l’implantation de ces dispositifs “grand format” sur l’emprise des stades “à l’autorisation du conseil municipal ou de l’assemblée délibérante de l’établissement public de coopération intercommunale compétent ou du conseil de la métropole de Lyon”.
L’autorisation est délivrée compte tenu notamment “de la durée d’installation de la publicité, de sa surface, des procédés utilisés, des caractéristiques des supports, de son insertion architecturale et paysagère, de son impact sur le cadre de vie environnant et de ses incidences éventuelles sur la sécurité routière”, précise le décret. Autre point important, elle est délivrée “pour une durée maximale de huit ans”. Calendrier oblige, la demande de dérogation sera instruite rapidement, quinze jours au plus. “A défaut de notification dans ce délai, la demande est réputée acceptée”, indique le texte (règle du “silence vaut accord”).