L’open data et le télétravail taraudent les DGS


Les innovations managériale et numérique ont tenu le haut du pavé au congrès du Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales (SNDGCT), qui s'est tenu du 21 au 23 septembre à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). 

 

“Dans les pratiques internes des collectivités, l’immédiateté propre au numérique bouleverse non seulement les relations entre les habitants, les élus et l’administration mais aussi les manières de travailler et de manager, le rythme décisionnel voire la conception des projets.” Le constat est de Stéphane Pintre, directeur général des services (DGS) de la ville d’Antibes et président du Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales (SNDGCT), dont le congrès s’est tenu du 21 au 23 septembre à Clermont-Ferrand, parallèlement aux assises nationales des cadres dirigeants territoriaux (Territorialis, voir notre interview du 21 septembre 2017).

 

Se former à de nouveau enjeux

Près de 500 DGS et cadres territoriaux y ont participé. Organisation territoriale, financement de la compétence transférée Gemapi, prospective financière, nouvelles relations aux usagers, détection des cas de radicalisation… Seize ateliers ont permis d’aborder des questions diverses et concrètes, à l’issue desquelles les participants se sont vu remettre une attestation “car c’est pour eux une façon de se former à des enjeux connus ou émergents”, poursuit Stéphane Pintre.
Les fusions de services et transferts de postes dans le cadre des regroupements intercommunaux y ont ainsi fait débat : le syndicat a souligné à cette occasion le lancement d’un “observatoire des mutualisations”. “Cet outil destiné à partager des bonnes pratiques s’appuie sur un questionnaire testé dans un premier temps dans trois régions, la Bretagne, Pays de la Loire et Auvergne-Rhône-Alpes. Le but est de présenter des réalisations exemplaires en termes de mutualisations et, si cela prend, d’étendre la démarche”, motive Pierrick Lozé, DGS de la ville de Melun (Seine-et-Marne) et figure du bureau du syndicat, dans la revue annuelle du SNDGCT.


Innover avec le télétravail ?

“L’innovation managériale est un autre axe à explorer, vecteur de transformation dans les collectivités”, ajoute Jacky Benhamou, ex-DGS de Fleury-les-Aubrais (Loiret) et également présent au bureau du syndicat. Pour croiser les regards et se nourrir d’expertises extérieures, un dispositif collaboratif a été mis sur pied à travers ce que le syndicat dénomme des “partenariats de savoirs”. Avec le spécialiste du recrutement et partenaire Randstad, un livre blanc est en préparation pour 2018 sur les évolutions sociétales et technologiques. Au rang des tendances émergentes figure le télétravail, “un enjeu qui interpelle de plus en plus le personnel dirigeant des collectivités”, confirme Fabienne Chalendard, secrétaire générale de la mairie de Mazeyrat d’Allier (Haute-Loire). “Les DGS et cadres dirigeants ont des attentes mais s’interrogent sur les avantages et les risques du télétravail. Le décret d’application de la loi Sauvadet de mars 2012 portant sur le télétravail des fonctionnaires est arrivé tard, quatre ans après l’adoption du texte législatif ! Du coup nous en sommes toujours au stade de la réflexion et sur le terrain c’est encore embryonnaire”, constate-t-elle.


Open Data, bientôt une obligation légale

“Territorialis a aussi fait la part belle cette année à l’innovation numérique, avec un atelier consacré à la transformation numérique des relations entre collectivités et usagers”, poursuit Stéphane Pintre. “Dans un tel tournant il faut bien s’entourer, nous accompagnons pour notre part le syndicat et des collectivités ou communes de Charente-Maritime”, explique Benoît Liénard, le DG de Soluris. Cette structure publique de mutualisation de services numériques cible les collectivités de son département. Et forme la ville et la communauté d’agglo de La Rochelle, depuis qu’ils ont été retenus comme l’un des neuf “territoires expérimentateurs” nationaux de l’open data (lire notre article du 13 décembre 2016). “Nous testons des modèles d’accompagnement des petites et moyennes collectivités, des scénarios de déploiement d’un open data de territoire afin de préparer la généralisation de la mise à disposition des données publiques, qui est une obligation légale pour celles de plus de 3.500 habitants à compter d’octobre 2018, même s’il est encore possible que ce seuil à terme baisse”, complète-t-il. Si le numérique représente une opportunité selon Benoît Liénard, c’est entre autres pour lutter dans les territoires contre la défiance qui s’installe vis-à-vis des élus et des services publics : “Pour cela il faut miser dans son développement sur la transparence, impliquer les habitants et s’organiser pour gérer localement les données.”


Des données inutiles sans objectif

“Une donnée en soi n’a pas de valeur intrinsèque. L’important est de savoir ce qu’on en fait”, titille pour sa part et non sans provocation Philippe Lagrange. Ce cadre chez Veolia a longtemps présidé le Living lab lyonnais et lieu d’innovation pour la ville de demain Tubà, qui rassemble des acteurs publics et privés travaillant sur l’ouverture des données. Il estime que les services numériques n’ont d’intérêt que s’ils contribuent à l’attractivité, au développement économique ou à des stratégies de territoire, par exemple en termes d’écologie industrielle. Et cite Bordeaux Métro Pulse, incubateur de startups inspiré de Tubà et qui travaille avec des collectivités et l’agence de développement de la Nouvelle-Aquitaine sur des applications ciblées, par exemple pour aider des commerçants d’un quartier dans leur transition numérique

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