Alpes, Massif central, Massif corse, Massif jurassien, Pyrénées, Massif vosgien, Massif de la Guadeloupe, Massif des Hauts-de-La Réunion, Massif de la Martinique : neuf zones montagneuses qui couvrent plus du quart du territoire national et jusqu’à 30% du seul territoire métropolitain. A eux neuf, ils regroupent une commune sur six et comptent dix millions d’habitants environ, soit 15% de la population française. Une commune sur six se trouve en zone de montagne.
Milieux naturels exceptionnels mais fragiles par leurs paysages et leur biodiversité, les massifs sont également des lieux d’habitat et d’activité économique. Ils jouent un rôle majeur en matière d’attractivité et de rayonnement international de la France, notamment par la qualité des entreprises implantées, dont des filières d’excellence (horlogerie, métallurgie, plasturgie, bois, élevage…) et par l’offre touristique proposée en toutes saisons, et particulièrement la pratique du ski (le poids économique du tourisme en montagne représente près de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires).
Prendre en compte l’évolution des terrioires de montagne
“Adoptée à l’unanimité du Parlement, la loi du 9 janvier 1985 relative au développement et à la protection de la montagne était une loi innovante et ambitieuse. Si elle conserve sa pertinence dans ses principes fondateurs de reconnaissance des spécificités de la montagne et d’équilibre entre les enjeux de développement des territoires et de protection de l’environnement, les évolutions économiques, sociales et institutionnelles intervenues ces trente dernières années nécessitent son actualisation”, a expliqué le ministre.
Le projet de loi présenté en Conseil des ministres, le 14 septembre dernier, s’appuie sur les travaux du rapport parlementaire des députées Annie Genevard et Bernadette Laclais remis en juillet 2015 : Un acte II pour la loi montagne ; pour un pacte renouvelé entre la Nation et les territoires de montagne.
Adapter les politiques public au territoire
Concrètement, le projet de loi comporte quatre grands axes :
– préciser les objectifs généraux de la politique de la montagne et le fonctionnement des institutions qui lui sont propres ;
– soutenir l’emploi et le dynamisme économique ;
– faciliter la réhabilitation de l’immobilier de loisir ;
– renforcer les politiques environnementales à travers l’action des parcs naturels régionaux et nationaux.
S’agissant du premier axe, le projet de loi détaille les objectifs généraux de la politique de la montagne et réaffirme le principe d’adaptation des politiques publiques aux spécificités de ces territoires. “Il ne s’agit plus seulement de compenser les handicaps liés aux conditions géographiques climatiques mais aussi de valoriser les atouts de la montagne en matière de qualité de vie, d’emploi et de loisirs, en mobilisant le potentiel d’innovation à l’œuvre dans ces territoires” a argumenté le ministre.
Le projet précise également la place des collectivités territoriales au sein des institutions propres à la montagne, au regard de la réforme territoriale. Il renforce le rôle et les missions du Conseil national de la montagne (CNM) et des comités de massif et donne au CNM la capacité de saisir directement le Conseil national de l’évaluation des normes.
Reconquérir les territoires perdus des communications
S’agissant du deuxième axe, le projet de loi s’attache à répondre à des problèmes de la vie quotidienne des habitants et des acteurs économiques.I l prend en compte les conditions propres aux territoires de montagne en matière de communications électroniques fixes ou mobiles pour la mise en œuvre des investissements publics et la réalisation des équipements et leur maintenance.
Il aborde aussi les questions relatives à la pluriactivité et au travail saisonnier, formes complémentaires d’organisation du travail, à la fois traditionnelles et très présentes en montagne. Il propose notamment une meilleure protection sociale. Il prévoit par ailleurs des mesures destinées à faciliter le logement des travailleurs saisonniers qui demeure une grave cause de précarité pour ces actifs.
Tourisme et zones de tranquillité
Le texte propose aussi d’adapter les conditions d’adoption des “plans simples de gestion” d’ensembles forestiers et introduit le principe d’une gestion différenciée, par massif, des moyens de lutte contre les grands prédateurs, dans le respect des engagements internationaux.
En matière de promotion du tourisme en montagne, le projet de loi ouvre, pour les communes classées station de tourisme ou en cours de classement, la possibilité d’une dérogation au transfert vers les intercommunalités de la compétence « promotion du tourisme, dont la création d’offices de tourisme ».
S’agissant du troisième axe, le projet de loi procède à une simplification du régime des “unités touristiques nouvelles” (UTN) en distinguant les opérations stratégiques qui relèvent d’une planification dans les schémas de cohérence territoriale (SCoT) et celles, d’impact plus local, qui relèvent des plans locaux d’urbanisme (PLU). Il encourage par ailleurs la réorientation de la construction vers la réhabilitation de l’immobilier de loisirs afin de lutter contre le phénomène des “lits froids” et de préserver les sols naturels, notamment pour des usages agricoles.
Enfin, s’agissant du dernier axe, il précise le rôle des parcs naturels régionaux et nationaux en matière de prise en compte des spécificités des territoires de montagne et de la préservation de la biodiversité, notamment par la mise en place de “zones de tranquillité”.
Un projet de loi salué par l’Anem
Laurent Wauquiez, président l’Association nationale des élus de la montagne (Anem), ainsi que tous les élus de l’association, ont salué l’adoption par le Conseil des ministres du projet de loi de modernisation, de développement et de protection des territoires de montagne qui sera débattu au Parlement cet automne. Les élus se félicitent de la méthode pour élaborer le projet de loi, co-rédigé avec l’Anem. “Ce texte est le fruit d’une collaboration étroite qui actualise et complète la loi de 1985, conformément à l’annonce du Premier ministre, Manuel Valls, devant le 30e Congrès de l’Anem en octobre 2014, renouvelée devant le Conseil national de la montagne, en septembre 2015.” L’objectif commun du gouvernement et des élus de la montagne est l’adoption de la loi montagne avant la fin de l’année 2016 en intégrant les dispositions essentielles et consensuelles pour un pacte renouvelé de la nation avec les territoires de montagne.