“Le métier de directeur général des services est devenu surtout axé sur l’optimisation des ressources”

À l'approche du Congrès du Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales (SNDGCT), qui se tiendra à La Rochelle, du 1er au 3 octobre 2015, rencontre avec Olivier Grégoire, DGS de la ville de Caen (108.400 hab.) et de la communauté d'agglomération Caen la Mer (Calvados, 36 communes, 236.700 hab.). Il considère que l'époque des "30 Glorieuses" des débuts de la décentralisation est bien loin. Aujourd'hui, un DGS doit savoir composer avec la raréfaction budgétaire et maîtriser aussi les ressources financières que les ressources humaines.

“ Dans la foulée des premières lois de décentralisation du début des années 80, nous avons vécu nos « 30 Glorieuses » enthousiasmantes où tout était possible. C’est la grande époque du DGS développeur où la question des moyens se posait peu, sa principale priorité étant de trouver les bons profils pour l’accompagner. Durant une vingtaine d’années, on a surtout vécu une course aux nouvelles compétences. Une première alerte est survenue en 2004, avec « l’acte 2 de la décentralisation » initié par Jean-Pierre Raffarin, ayant vu de nouveaux transferts de compétences aux collectivités locales mais aussi l’arrivée des notions de ressources et de charges. C’était quelque chose nouveau. Mais le grand tournant date de 2014 avec la réduction des dotations de l’État s’ajoutant à la raréfaction budgétaire. Aujourd’hui, le métier de DGS a beaucoup changé en étant surtout axé sur l’optimisation des ressources. Son profil se doit d’être très orienté ressources financières et ressources humaines. C’est devenu l’essentiel de notre job. Il nous faut sans cesse réorganiser, optimiser et travailler sur des sujets « RH » comme l’évolution des carrières.

 

“Il n’y a pas de victime de la mutualisation”

À Caen, par exemple, le gros chantier sur la période 2014-2015 concerne la mutualisation, menée à un rythme soutenu. Le travail d’accompagnement a été très poussé avec beaucoup d’écoute et de très nombreux entretiens menés avec les agents. Globalement cela se passe bien car les mentalités évoluent. Le maître mot pour moi est qu’il n’y a pas de victime de la mutualisation. Une intégration assez poussée constitue une réelle opportunité. Cela nous permet de revoir notre organisation et de faire évoluer les agents. Ils prennent conscience que ce changement peut constituer une chance pour eux. Auparavant, nous connaissions une organisation assez cloisonnée entre la ville et l’agglomération. Dans le prolongement de tout ce travail que nous menons, la prochaine grande étape sera la création d’une communauté urbaine au 1er janvier 2017.

 

“Besoin d’une déconcentration de gestion”

Concernant les DGS, les mentalités évoluent également. Auparavant, les relations entre le DGS de la ville-centre et les DGS des autres communes n’étaient pas toujours faciles. À Caen, mon rôle a été de bien les associer dès le départ pour qu’ils se sentent partie prenante. Je les réunis toutes les trois semaines et cela se passe bien. Ils ont joué le jeu du chantier de la mutualisation et sont plutôt proactifs. D’ici une dizaine d’années, il n’y aura plus qu’une seule unité de gestion avec une seule collectivité. Les perspectives pour les DGS se trouveront dans des postes de responsables territoriaux avec un rôle d’animation de territoire. Nous aurons besoin d’une déconcentration de gestion au plus près du citoyen. Si cela est bien expliqué, les DGS ne vivent pas mal cette évolution de leur métier. Face à tous ces changements qui impactent profondément nos organisations et les cadres territoriaux, je veux être optimiste. Il y a de réels défis passionnants à relever. Même si l’optimisation des ressources reste une préoccupation permanente, les chantiers ne manquent pas et sont vraiment intéressants.”

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