Cyril Piazza, 43 ans, est maire de Peille (Alpes-Maritimes), une commune de 2 400 habitants
située entre Nice et Monaco. Vice-président de la Communauté de communes du pays des Paillons, il est également vice-président de l’association des maires ruraux de son département. Depuis le dernier congrès de l’Association des maires de France, il préside également aux destinées de l’Association des Sites Historiques Grimaldi de Monaco, fondée en 2015 par le regretté Jean-Claude Guibal, alors député-maire de Menton.
Journal des Communes : Quels sont selon vous les principaux enjeux des communes rurales situées, comme la vôtre, dans l’aire d’attraction d’une métropole ?
Cyril PIazza : J’en vois deux principaux : l’accès aux services de transports en commun et le développement économique.
JDC : Et en ce qui concerne les intercommunalités voisines d’une métropole, ce qui est également le cas de la vôtre ?
CP : On essaie de composer du mieux que l’on peut avec les acteurs concernés. Cela fonctionne. C’est plus compliqué pour les administrés qui se perdent dans les compétences. Dans nos petites intercommunalités, on trouve heureusement plus de proximité et d’accessibilité. Le principal problème, c’est le maintien des petits commerces dans nos villages.
JDC : Certains départements, je pense au Maine-et-Loire, ont largement usé de la fusion de communes ces dernières années, sur injonction préfectorale. Pourtant les Français sont attachés à leurs communes. La rationalisation prônée par certains est-elle nécessaire ?
CP : Souvent les maires concernés n’ont pas le choix. Concernant par exemple le développement économique des territoires ou la gestion de l’eau on s’aperçoit de plus en plus que ce sont les chambres consulaires ou l’administration qui décident de tout. Les communes et les maires sont responsables de tout aux yeux des administrés mais décisionnaire sur presque rien dans la réalité.
JDC : Votre département possède une dimension montagnarde. L’État est-il au niveau des attentes des collectivités face aux dépenses d’équipements spécifiques et aux conséquences des intempéries ?
CP : Ma commune est heureusement peu frappée par ces phénomènes qui touchent de façon très violente certaines vallées du département des Alpes-Maritimes. Dans tous les cas, plutôt que dans le détail, l’État est présent sur les gros contrats de territoires. Il fait avec les moyens financiers disponibles.
JDC : L’État pousse à la création de maisons de service public et subventionne leur réalisation. Les communautés de communes ne risquent-elles pas de se retrouver à terme avec des équipements difficilement finançables ?
CP : C’est exactement cela. On nous propose d’importantes subventions d’investissement mais ce qui nous intéresse en réalité, c’est le coût du fonctionnement ! Il y a non seulement les Maisons de service public mais aussi les Centres de formations ruraux qui préparent généralement à des formations agricoles, commerciales et aux services à la personne. Il y a une subvention d’amorçage mais après c’est aux collectivités de se débrouiller.
Pour boucler les budgets locaux et dès l’instant où l’on n’a plus le levier de la taxe d’habitation, il ne reste qu’à augmenter la taxe foncière que tout propriétaire paie. L’idée de l’État était, au fond, de transférer en partie la richesse immobilière vers l’entreprenariat mais, en réalité, cela n’a pas eu l’effet escompté, loin de là.
JDC : Comment appréhendez-vous les conséquences de la hausse du coût des fluides sur les budgets des collectivités locales. Aura-t-elle des conséquences sur la réalisation des plans pluriannuels d’investissement ?
CP : On ne peut pas faire de généralités. Il n’y a que des cas particuliers. Cela dépend de la température hivernale de la commune concernée. Il faut laisser passer l’hiver avant de pouvoir tirer des conclusions. Au mieux, on y verra plus clair en septembre 2023. C’est à la fin du bal que l’on paye les musiciens. À terme, la question du prix de l’eau pourrait être plus problématique. Se pose en effet la question du stockage de l’eau en prévision des périodes de sécheresse mais aussi du réel entretien des équipements mis en délégation de service public. L’absence d’investissements dans ce domaine pourrait se révéler très problématique pour certaines collectivités.