“Je n’ai plus le choix, je dois me battre pour ma ville. De l’argent il y en a en Île-de-France : nous sommes dans une des zones d’Europe les plus riches avec des maires qui sont assis sur des coffres-forts, il faut donc partager les richesses”, déclarait vendredi le maire de Sevran.
La grève de la faim entamée par Stéphane Gatignon devant l’Assemblée nationale a en effet agité l’actualité et fait débat parmi les élus durant tout le week-end. Pour Michel Destot, président de l’Association des Maires des Grandes Villes de France (AMGVF) “Le combat légitime mené par Stéphane Gatignon, maire de Sevran, met en lumière l’insuffisante solidarité nationale en faveur en faveur des villes de banlieue qui cumulent les handicaps.”
“Je ne réclame que l’équité”
Stéphane Gatignon, maire EELV de Sevran, a choisi cette action coup de poing car il réclame une aide exceptionnelle de 5 millions d’euros afin de pouvoir boucler son budget 2013 et pour que les banques acceptent à nouveau d’accorder des lignes de crédit à sa commune de 51.000 habitants, l’une des plus pauvres de France.
“Le chômage avoisine les 16% en moyenne et 40% chez les jeunes. La désindustrialisation des années 90 nous a fait entrer dans “le top 100″ des communes les plus pauvres. Le départ de notre territoire de grandes entreprises comme Kodak et Westinghouse ainsi que le manque d’anticipation des politiques publiques de mes prédécesseurs nous ont plongés dans un marasme budgétaire structurel”, explique le maire.
L’élu souligne par ailleurs que, malgré les engagements pris, les organismes bancaires, qu’ils soient publics ou privés, signifient du jour au lendemain qu’ils coupent court aux emprunts consentis.
Pour Stéphane Gatignon, sans ces “cinq indispensables millions, la ville mettra la clé sous la porte. Mais dans le même temps, des communes affichent, dans notre département comme dans notre région, des excédents de gestion considérables. Pour paraphraser un humoriste célèbre, on peut dire que la République a mis toutes les communes sur un pied d’égalité, mais que certaines sont plus égales que d’autres… On parle souvent de “maire-bâtisseur”. J’ai plutôt la désagréable impression de devenir un “maire-mendiant”. J’ai honte au nom de mes concitoyens dont les finances actuelles ne pourraient supporter une nouvelle hausse de la fiscalité locale.”
Il se s’agit pas de réclamer l’égalité, insiste l’élu, “mais plutôt le rétablissement par la péréquation entre communes riches et pauvres des trente millions manquant à notre service public local pour fonctionner. Je ne réclame que l’équité. Je ne réclame que l’application du droit commun à travers la dotation de solidarité urbaine qui doit contribuer à ces cinq millions manquants.”
En attendant, le maire poursuit son action. “On va voir demain la discussion qu’il y aura à l’Assemblée nationale”, déclarait-il ce matin, “a priori, il y aura un amendement sur la dotation de solidarité urbaine”…