“Il est urgent de favoriser les mobilités durables”

A l’occasion de notre partenariat avec FNE Ile-de-France pour le colloque sur la place de la voiture en Ile-de-France, mais aussi de Pollutec, nous avons souhaité en savoir plus sur un carburant qui gagne du terrain sur nos routes et dans les flottes municipales : le GNV. Véronique Bel, Chef de projet mobilité GRDF nous explique ses avantages et tord le cou à quelques idées reçues.



Qu’est le GNV ? S’agit-il du même gaz que celui utilisé pour la cuisine ou le chauffage ? N’est-ce pas dangereux ?

Le GNV (Gaz Naturel pour Véhicules) c’est très simple ! C’est du gaz naturel utilisé comme carburant. C’est le même gaz que vous utilisez, chez vous, pour vous chauffer ou pour cuisiner. La mobilité gaz est à ce jour moins connue que l’électro mobilité et cela s’explique facilement. Le développement du véhicule électrique se concentre sur les véhicules légers et touche donc le grand public, alors que celui du GNV se focalise lui sur les véhicules lourds et les véhicules utilitaires légers (VUL).

Le Gaz naturel pour Véhicule est particulièrement adapté aux secteurs du transport en commun (bus et car), du transport de marchandises et à celui de la collecte des déchets (bennes à ordures ménagères). Il touche donc essentiellement un public de professionnels tels que les gestionnaires de flotte, les transporteurs, les chargeurs, les artisans, … La mobilité gaz est par ailleurs la première alternative durable au diesel sur ce type de segment.

Il faut savoir que plus de 18 millions de véhicules roulent déjà au GNV dans le monde et très proche de nous, en Italie, ce ne sont pas moins de 850 000 véhicules et plus de 960 stations GNV qui maillent le territoire transalpin. Vu de France, cela laisse songeur : avec seulement 14 000 véhicules et 280 stations (dont 42 seulement accessibles au public), le GNV a face à lui un vrai challenge !
Les véhicules roulant au GNV sont aussi sûrs que les véhicules à carburation classique. Le gaz contenu dans les réservoirs est maintenu à une pression identique à celle d’une bouteille de plongée. Et tout comme cette dernière, tant dans la conception quand dans l’entretien, les réservoirs GNV sont soumis, entre autre, à des de tests extrêmement rigoureux.

 

Quels sont les avantages du GNV ? Faut-il des véhicules équipés de façon spécifique ? Comment « faire le plein » ?

Le GNV a de nombreux avantages. Il est notamment respectueux de l’environnement et de la santé. Avec jusqu’à -50 % d’émissions d’oxyde d’azote (NOx) et jusqu’à 95 % d’émissions de particules fines en moins par rapport à la nouvelle norme EURO VI, c’est une alternative durable aux carburants traditionnels. Il faut rappeler que les particules fines sont la 3e cause de mortalité en France, juste derrière le tabac et l’alcool (chiffres issus de l’évaluation quantitative d’impact sanitaire, publiée le 21 juin 2016 par Santé publique France) et que le secteur du transport représente à lui seul 30 % de la production nationale de CO2, aussi il est urgent de favoriser les mobilités durables.
Les véhicules roulant au GNV sont par ailleurs deux fois moins bruyants que les véhicules diesel, ils améliorent ainsi les conditions de travail des chauffeurs et offrent une meilleure qualité de vie aux riverains.
Aujourd’hui, toutes les gammes de véhicules sont disponibles en carburation GNV. Du véhicule léger au poids-lourd (tracteurs et porteurs), en passant par les bus et cars, tous les constructeurs s’y mettent (Iveco, Scania, Mercedes-Benz, Fiat, Volkswagen…) ou sont en passe de s’y mettre. Dotés d’une autonomie d’environ 500 km ces véhicules répondent parfaitement aux besoins des utilisateurs. Avec un plein de GNV, c’est une journée de livraison assurée pour un transporteur, une tournée de collecte pour une société de traitement de déchets ou encore une journée de service pour le transport collectif. Et c’est sans compter sur les avancées technologiques à venir qui amélioreront encore l’autonomie des véhicules (hybridation, bi-carburation,…).

Un plein de GNV c’est comme un plein d’essence classique, il peut être réalisé en 5 à 10 minutes. Il existe cependant deux types de stations : les stations dites à « charge rapide » où le plein s’effectue en quelques minutes et les stations dites à « charge lente » où il se réalise généralement en horaires décalés de service (entre 5 et 10 h). Ce type de station est notamment plébiscité pour les flottes de transport de personnes ou de véhicules de collecte de déchets, les véhicules chargeant la nuit et roulant le jour.

Un des grands enjeux du GNV en France c’est l’ouverture de stations. Comme je vous disais précédemment, à ce jour, il n’y a que 280 stations et parmi elles, 42 seulement sont publiques, c’est-à-dire accessibles à tous les utilisateurs, par opposition aux stations dites privés qui sont dédiées à des flottes captives (de collectivités ou d’entreprises). C’est ce à quoi nous travaillons activement avec tous les membres de la filière, avec un objectif de 250 stations publiques d’ici à 2020. Et le marché commence clairement à émettre des signaux positifs. Je citerai par exemple l’appel à projets de l’Ademe qui vise à faire émerger de nouvelles stations publiques.

 

On parle de GNV, mais aussi de plus en plus de Biométhane ? Quelles sont les différences entre ces deux carburants ?

Le biométhane est un gaz 100 % renouvelable produit grâce à la fermentation des bio-déchets. D’une façon simplifié, ce sont les restes des cantines, les déchets des supermarchés, les boues de station d’épuration ou encore les déchets agricoles ou les déchets verts de votre commune qui, une fois collectés, sont mis dans une cuve étanche et produisent par réaction un gaz 100 % naturel. Ce « biogaz », une fois épuré, peut être injecté dans les réseaux (de transport et de distribution) et être utilisé comme carburant. On l’appelle alors BioGNV. Laissez-moi préciser que les véhicules qui roulent déjà au GNV n’auront pas besoin d’être adapté pour rouler au BioGNV. Pour résumer, nos déchets d’aujourd’hui sont le carburant 100% renouvelable de demain, un bel exemple d’économie circulaire !

 

L’Union Européenne a défini un objectif à atteindre en termes d’utilisation d’énergies renouvelables dans les transports de 10 % d’ici 2020. Pour le GNV on parle de plus de 18 millions d’utilisateurs dans le monde. Et en France, où en est-on ?

En France, le GNV est déjà largement développé sur le secteur des autobus. Deux tiers des villes de plus de 100 000 habitants ont déjà fait ce choix et pour la plupart depuis plus de 15 ans. Et ces mêmes collectivités renouvellent leur parc, preuve de leur satisfaction ! Désormais, le secteur le plus prometteur est celui du transport de marchandise. Sur ce segment, le GNV y est particulièrement légitime : tant en terme de bénéfice environnemental qu’en terme d’autonomie des véhicules. En France plus de 8 500 véhicules de livraison (du VUL au plus de 3.5t) roulent déjà au gaz naturel.

Pouvez-vous nous citer des exemples de collectivités qui ont des flottes, ou une partie de leur flotte de véhicules roulant au GNV ?
S’il ne fallait en citer qu’une, je répondrais Lille dont l’ensemble des autobus (près de 350) roulent déjà au BioGNV. C’est un vrai choix d’avenir. A Paris, 80 % des bennes à ordures (environ 400) circulent également au GNV. Elles seront progressivement rejointes par 1000 bus d’ici 2025.

 

Le GNV face à l’électrique : une confrontation ou une complémentarité selon vous ?

Définitivement complémentaire ! Chez GRDF, nous sommes persuadés que les modes de mobilité doivent être multiples. A ce titre, la mobilité électrique et le GNV se doivent de figurer dans le mix des carburants français et de se développer sur les marchés où leur plus-value est la plus avérée. En l’état actuel des technologies disponibles, la mobilité gaz est la plus adaptée aux véhicules lourds. A savoir, le transport de marchandises, de personnes et la collecte des déchets.

 

Pensez-vous que le biométhane soit la meilleure solution au final pour les collectivités et, plus largement pour les territoires ?

C’est une certitude ! Et ce n’est pas moi qui le dit, mais l’ADEME. En effet, d’après l’Agence pour le Développement et la Maîtrise de l’Energie, la production du biométhane et son usage comme carburant est un vecteur prépondérant dans la transition énergétique des territoires. Il permet d’en augmenter l’indépendance énergétique en créant des emplois non délocalisables, tout en réduisant de 80 % les émissions de gaz à effet de serre dans les transports.

 

Le GNV ou le biométhane en Ile-de-France ? Où en est-on ?

Actuellement, la région compte 64 stations GNV dont 12 sont en accès publiques ou multi-acteurs (c’est à dire accessibles à plusieurs flottes de véhicules). Coté Biométhane, 4 sites injectent déjà sur le réseau de distribution de gaz naturel. La région Ile-de-France est très dynamique sur le sujet de la mobilité durable et de nombreux projets de conversion voient le jour. Ainsi, comme nous l’avons déjà évoqué, la RATP va développer sa flotte de bus roulant au BioGNV et passer de 130 à près de 900 véhicules à horizon 2025. Le transport routier de marchandises n’est pas en reste mais cela nécessite la construction de stations pour avitailler les camions. L’offre station est à ce jour encore insuffisante, toutefois d’ici à fin 2017, le nombre de stations publiques en Ile-de-France devrait doubler (majoritairement à destination des poids lourds). De nouveaux acteurs se lancent dans la construction de stations. Ainsi, le SIGEIF, syndicat d’énergie regroupant 185 communes, inaugure une station publique à Bonneuil-sur-Marne le 24 novembre prochain et va créer prochainement une SEM pour investir dans une dizaine de stations en IDF. On voit donc que ça bouge dans cette région !

 

Quel est le coût de l’utilisation de ces carburant ?

Nous avons établi, pour chaque secteur du transport, la taille de flotte permettant de rentabiliser la conversion au GNV. Pour les véhicules lourds c’est relativement simple, il faut compter 15 à 20 bus, 20 à 25 bennes à ordures ou environ 20 camions de transports de marchandises. Pour les véhicules utilitaires, les paramètres sont trop nombreux pour avoir un ordre d’idée. Aussi, j’invite vos lecteurs, qui le souhaitent, à prendre contact avec GRDF afin de vérifier les possibilités d’une conversion totale ou partielle de flotte.

 

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