Energies renouvelables : la crise n’explique pas à elle seule leur recul

La dernière livraison du baromètre Observ'ER, publié en partenariat avec la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), analyse le recul de la production des énergies renouvelables. La crise sanitaire a joué mais n'explique pas tout.

Le suivi filière par filière qu’offre le onzième baromètre Observ’ER des énergies renouvelables électriques, publié le 11 janvier, ne se résume pas qu’à un alignement de courbes et chiffres. Ce baromètre fourmille d’initiatives locales et permet d’apprécier le rôle renforcé des collectivités dans la transition énergétique, soit directement en tant qu’autorités organisatrices de la distribution, soit par le biais de leurs sociétés d’économie mixte (SEM de production), lesquelles sont “en fort développement”, souligne Pascal Sokoloff. Le directeur général de la FNCCR observe que “quatre régions métropolitaines, Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, Grand Est et Sud, ont couvert plus de 35% de leur consommation électrique par une production renouvelable locale”. Cependant, la plupart des filières, dont l’éolien et le photovoltaïque, ont connu un rythme de croissance “insuffisant pour rester dans la trajectoire des objectifs assignés par la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE)”. 

Les huit filières de production d’énergies renouvelables électriques ont dû affronter une crise et des heurts dont ce baromètre donne la pleine mesure. L’éolien a soufflé moins fort. Le “trou d’air” qu’il a traversé est important “avec un recul de 45% des volumes” et de “17% sur les neuf premiers mois”. Le premier confinement a porté un coup d’arrêt au rythme des chantiers des parcs. Un climat d’incertitude pèse aussi dans d’autres filières (production de biométhane ou d’électricité d’origine géothermique) où diverses annonces ont jeté un froid. Le foncier et la difficulté à trouver des terrains d’implantation posent problème pour les éoliennes. Cette opposition se fait surtout sentir dans les deux principales régions d’implantation que sont les Hauts-de-France et Grand Est, où les élus exigent des moratoires pour tout nouveau site. Dès lors, le potentiel du “repowering” qui, au lieu d’en créer, consiste à remplacer des turbines par des machines plus puissantes, en intéresse plus d’un. La filière n’en est qu’à ses premiers retours d’expérience.

Après une forte progression en 2019 et toujours tirée en avant par l’injection dans les réseaux de gaz naturel, la filière biométhane “poursuit sa progression mais de façon plus lente”. Plus de 850 installations produisant de l’électricité à partir de biogaz sont aujourd’hui raccordées. Quant à l’hydroélectricité, elle reste la première des énergies renouvelables mais fait face au défi de la flexibilité de ses sites et de leur rémunération. Elle doit encore mettre en valeur ses atouts. Côté bois énergie, parmi la cinquantaine de centrales biomasse solide existantes, trois ont été mises en service l’an dernier. Une seule reste en construction à Le Teilleul (Manche). D’autres projets sont en cours dans les zones non interconnectées. En Martinique comme en Guyane, l’exploitation de la biomasse solide représente en effet un enjeu majeur.

Crédit photo : Enertrag AG

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