En Congrès, l’ADF expose sa doctrine du numérique éducatif

Lors du Congrès des départements, qui se tient les 19 et 20 octobre à Marseille, l'Assemblée des départements de France (ADF) va remettre au ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, un livre blanc consacré aux "politiques départementales sur le numérique éducatif". 

 

En préparation depuis près d’un an, cette démarche a permis aux départements de mettre en commun leurs retours d’expérience et de formaliser leurs propositions pour l’avenir éducatif. Au menu : le besoin d’une gouvernance encore plus partenariale et d’une plus grande souplesse dans les modes d’équipement des élèves. Des pistes d’action qui se veulent précises, alors que Jean-Michel Blanquer a pour l’heure une parole rare sur les enjeux du numérique.

Questionnaires, groupes de travail thématiques, études de cas approfondies : l’Assemblée des départements de France a piloté un dispositif important, durant près d’un an, pour prendre la température de l’action de ses membres sur le terrain du numérique éducatif. Et pour cause : cette compétence d’équipement informatique des collèges a pris, ces dernières années, une importance stratégique et financière croissante. Le plan numérique pour l’éducation, cher au président Hollande, a compté pour beaucoup. Du côté de l’ADF, on souligne que ce travail de livre blanc, mené en partenariat avec Klee Group, a été en premier lieu l’occasion de former des groupes de travail et d’installer des routines de coordination, au service d’un enjeu très propice à la mutualisation et à la collaboration entre départements.

Il est remis à Jean-Michel Blanquer ce vendredi 20 octobre, au deuxième jour du Congrès des départements.

 

Mutualiser l’équipement informatique pour baisser les coûts

Si le numérique éducatif a parfois été perçu comme une priorité budgétaire sur laquelle il ne fallait pas tergiverser, le coût important de l’acquisition et de l’entretien du matériel informatique invite de plus en plus les départements à affiner leurs approches. Le livre blanc révèle, par ailleurs, qu’il n’y a pas de lien établi entre la somme dépensée, et le taux d’usage réel du matériel informatique en classe. Le livre blanc insiste sur la nécessite de maîtriser les dépenses de fonctionnement, et pas seulement d’investissement. Centraliser la gestion, homogénéiser le matériel, massifier les commandes : autant de procédés qui réduisent la facture et facilitent l’entretien. 

“Notre intervention sur le numérique éducatif a commencé par un plan Marshall des réseaux”, détaille ainsi Morgan Hervé, directeur général du syndicat Manche numérique, très investi en la matière. “Nous avons ensuite centralisé l’achat en définissant des configurations à même d’être pertinentes en collège mais aussi en école.” Conclusion, l’initiative, rationalisée, a été rapidement rejointe par de très nombreux départements pour constituer une centrale d’achat à même de faire baisser les coûts. L’ADF propose aussi de mutualiser les coûts et les usages à l’échelle du territoire, en sollicitant par exemple la CAF ou le CCAS : ne pourrait-on pas louer le matériel informatique des collèges, hors temps scolaire ?

 

Vers un aggiornamento du Plan numérique pour l’éducation ?

Dans ce souci de sobriété financière, l’ADF s’est penchée tôt sur la possibilité d’utiliser les terminaux informatiques des élèves (ordinateurs, smartphones) pour les usages numériques en classe. Cette approche, baptisée BYOD (pour “Bring Your Own Device”), “percute de plein fouet le Plan numérique pour l’éducation”, selon le livre blanc. 

Les départements plaident pour une hybridation entre les approches du BYOD, et celles promues par la plan numérique du précédent quinquennat, qui se concentraient sur l’achat de tablettes, et de classes mobiles. En effet, sous la plume de l’ADF, l’équipement en masse des collégiens n’apparaît plus comme la panacée, et entrave parfois même l’appropriation de l’outil par les jeunes, peu responsabilisés.

 

Les départements porteurs d’une vision du numérique éducatif

En termes de gouvernance, les départements ont tissé des liens avec de nombreux organismes de l’Education nationale. La coordination locale, autour des projets, est satisfaisante. Mais les collectivités s’interrogent toujours sur leur rôle de “payeur” des équipements informatiques, peu impliqués dans les choix pédagogiques. Le modèle du grand plan piloté par le haut, qui impose un modèle d’école numérique univoque aux territoires, ne convainc plus. 

Le débat devrait être relancé à l’occasion du congrès de l’ADF. L’intervention du ministre de l’Education nationale est d’autant plus attendue qu’il s’est jusque-là fait discret sur tout ce qui concerne l’éducation numérique. Lors du lancement de la Code Week, le 12 octobre dernier, Jean-Michel Blanquer avait répété que l’usage du numérique à l’école devait faire l’objet d’un vrai discernement, tout en rattachant les “humanités numériques” à l’exercice des sciences et des mathématiques. 

Autre signe que le sujet du numérique éducatif n’est pas tombé aux oubliettes, la Commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale a annoncé qu’elle lancera, en fin d’année, une mission d’information sur le rôle de l’école dans une société numérique.

 

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