Emplois liés à la biodiversité : le Cese appelle les collectivités à se mobiliser

Dans un avis adopté le 14 septembre, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) n'est pas avare d'idées pour démultiplier les emplois liés à la biodiversité. Il juge leur potentiel de développement important. A condition de mieux identifier, de structurer et d'aider ces métiers. 

Majoritairement financé par les acteurs publics “en particulier les collectivités locales”, le secteur de la biodiversité et des paysages est rarement abordé sous le prisme de l’emploi. S’il existe des travaux sur la biodiversité, d’autres sur l’économie verte, “il est beaucoup plus difficile d’en trouver qui croisent les deux problématiques”, souligne Allain Bougrain-Dubourg dans son projet d’avis sur la “contribution des emplois de la biodiversité à la transition écologique” adopté le 14 septembre avec 166 voix pour et neuf contre. “Or il faut singulariser ces métiers dispersés sous la bannière un brin fourre-tout des métiers verts.” Autre constat intéressant : les données et statistiques européennes seraient largement perfectibles dans ce domaine.

 

75 000 emplois

L’identification des emplois de la biodiversité pose des difficultés. Un groupement d’intérêt public, l’Atelier technique des espaces naturels (Aten), s’y est attelé il y a quelques années, conduisant “des investigations poussées” en vue de les caractériser et de dresser une typologie des métiers. Mais des zones de flou perdurent : “Maintenant que l’Aten va intégrer l’Agence française pour la biodiversité (AFB), il faut faire connaître ce travail et surtout le poursuivre par la mesure des emplois indirects ou induits. Il serait aussi utile de disposer d’une évaluation plus précise de la répartition de ces emplois entre secteurs public, associatif et privé”, prescrit le rapporteur de cet avis. Le répertoire national actuel recense six catégories professionnelles, 42 métiers, 75 000 emplois dont 22 000 dont c’est le cœur de métier, 270 compétences et 720 formations. Ce chiffre englobe les métiers d’entretien des espaces verts – bien connus des collectivités locales – ou encore ceux liés à la gestion de l’eau et à la planification : gardes nature, techniciens de préservation des milieux aquatiques, etc.

 

Le rôle moteur des régions

Dans l’ensemble, c’est la fonction publique territoriale qui concentre le gros des effectifs, devant celle d’Etat (services centraux des ministères ou déconcentrés, établissements publics tels que les parcs nationaux, le Muséum national d’histoire naturelle, etc.) : “Dans les collectivités c’est à chacun des échelons que s’exercent les métiers de la biodiversité : communes, intercommunalités, départements, régions, syndicats mixtes…, en lien avec leurs compétences et missions respectives. (…) Elles comptent aussi parmi les rares acteurs ou actrices à mettre en œuvre l’intégralité des fonctions en lien avec la biodiversité : administration et soutien, aménagement et restauration de milieux naturels, information et éducation, enseignement et recherche, etc, ainsi que des emplois qui en relèvent. (…) Parmi ces collectivités, les régions, qui ont compétence pour créer des parcs naturels régionaux ou des réserves naturelles et détiennent également la compétence formation, disposent d’atouts majeurs et des leviers d’action pour créer des emplois relatifs à la préservation et à la gestion de la biodiversité”, motive l’avis du Cese.

 

Un avis, des assises

Et d’appeler ces régions à “maintenir et amplifier leur action en faveur de l’emploi existant et futur”, à affiner leur connaissance du secteur via des cartographies territoriales des emplois concernés, et à ne pas négliger et relancer sa dynamique dans le cadre des schémas régionaux de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) qu’elles sont en passe d’élaborer. Un point de vue que son auteur compte d’ailleurs bien faire entendre aux Assises nationales de la biodiversité, qui ont débuté le 14 septembre à Clermont-Ferrand. “En particulier auprès de l’Association des régions de France (ARF) qui devrait y être sensible”, espère Allain Bougrain-Dubourg. Les régions sont certes “en première ligne” ont réagi les associations environnementales, mais certains nouveaux exécutifs “tournent le dos à ces objectifs en réduisant l’ambition et les moyens accordés aux parcs naturels régionaux, aux collectivités et aux associations, en matière de politiques environnementales. Ce qui ne sera pas sans conséquences sur l’emploi”.

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