Après l’effervescence, l’heure est venue de cadrer l’essor de l’économie collaborative. Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargée du numérique, l’a suggéré à l’occasion du lancement du OuiShare Fest 2015. Organisé à Paris du 20 au 22 mai 2015, ce festival fait office de remue-méninges pour les spécialistes du secteur. Avec des pionniers comme Blablacar dans le covoiturage, « la France est très attendue sur le sujet », estime la secrétaire d’État. « C’est un marché encore jeune. Mais d’ici à 2025, l’économie collaborative pourrait générer 90 milliards d’euros dans le monde, contre 20 milliards aujourd’hui. » Avec un enjeu-clé : le partage de la valeur créée par les plateformes collaboratives au sein des communautés de contributeurs, sans lesquelles elles ne seraient rien. Le gouvernement veut « repenser secteur par secteur, pratique par pratique, la manière dont les pouvoirs publics régissent la réglementation », prévient Axelle Lemaire. Une étude est en cours au sein du ministère de l’Économie. « Elle doit déboucher sur une stratégie nationale en octobre. »
La COP21 fait figure de laboratoire. La tenue en décembre 2015 à Paris de la conférence des Nations Unies sur le climat est l’occasion d’explorer l’étendue des possibilités de l’économie collaborative. Fin mai, « avec la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, nous allons lancer une feuille de route pour soutenir les initiatives mettant le numérique au service du développement durable », illustre Axelle Lemaire. Parmi ces initiatives, figure POC21, qui se déroulera du 15 août au 20 septembre dans la région parisienne. POC21 s’inspire de la démarche « open source », une pratique informatique consistant à développer un logiciel en laissant libre accès à son code source. POC21 sera « un accélérateur de solutions pour lutter contre le changement climatique », résume Benjamin Tincq, membre du collectif Ouishare.
Pendant cinq semaines, douze projets seront développés. Les savoirs seront partagés sous licence libre. L’objectif est de passer des concepts aux prototypes fonctionnels et réplicables. Sept projets ont déjà été sélectionnés. Ils portent sur la production d’énergie : éolienne à axe vertical, concentrateur solaire thermique, valorisation de déchets organiques… Mais pas seulement, à l’image d’un système en kits pour l’agriculture urbaine, d’une bouilloire électrique à basse consommation et d’un mobilier de cuisine facilitant l’autonomie alimentaire et énergétique. Ou encore, d’une douche qui recycle l’eau en temps réel.