Nationale, européenne et internationale : c’est à toutes les échelles que “le Président de la République française, le gouvernement et la nouvelle majorité issus des élections de 2017 devront prendre des décisions importantes en matière de développement durable au cours du prochain quinquennat”, analyse l’Iddri dans sa nouvelle note. “Leur calendrier sera notamment rythmé par cinq grandes échéances.”
2018 : la trajectoire énergétique
La transition énergétique a été l’un des sujets clés du quinquennat Hollande. Une loi a été adoptée. Une programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) a été publiée. Il en découle “un agenda important de mise en œuvre pour les cinq prochaines années”, souligne l’Iddri. La première version de cette PPE portait sur deux périodes : 2016-2018 et 2019-2023.
Les suivantes couvriront des durées de cinq ans. “Le prochain gouvernement devra prendre des décisions importantes, à commencer par le dimensionnement du parc nucléaire et la part des énergies renouvelables. La maîtrise de la demande énergétique, qui doit être divisée par deux d’ici à 2050, sera la clé de voute de cette planification et de ces décisions.” Outre la rénovation des bâtiments, l’Iddri met l’accent sur la nécessaire transformation du secteur de la mobilité.
2018 : l’Accord de Paris sur le climat
La France a été l’hôte fin 2015 de la COP21. A cette occasion, l’ensemble des pays ont pris des engagements sur le climat. “L’Accord de Paris indique néanmoins qu’il faudra accélérer et renforcer ces engagements tous les cinq ans. C’est dans cette perspective que doit se tenir dès 2018 un dialogue interétatique visant à la fois à faire le bilan des progrès réalisés et à lancer une nouvelle dynamique d’engagements des pays”, rappelle l’Iddri.
L’institut appelle l’Union européenne (UE) à exercer son leadership, et la France à mobiliser son réseau diplomatique tout en se montrant efficace dans sa propre politique climatique. “La France devra également rapidement engager le débat au sein de l’UE sur la révision de l’ambition climatique européenne, et peser pour que celle-ci soit au coeur de la feuille de route de la future Commission qui sera nommée en 2019 à la suite des élections européennes.”
2019 : les objectifs de développement durable
Lutte contre la pauvreté, préservation de la biodiversité, droit des travailleurs… Peu de temps avant l’Accord de Paris, la communauté internationale s’était engagée à atteindre 17 objectifs mondiaux de développement durable (ODD) d’ici à 2030. “La France devra contribuer à la réussite de la réunion politique de haut niveau sur les ODD, qui se tiendra en 2019 à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations Unies”, souligne l’Iddri. Comment ? Grâce à son poids diplomatique, d’autant que la France prendra en 2019 la présidence du G7, mais surtout en se montrant elle-même exemplaire. “Or le pays n’est pas sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs”, interpelle les auteurs de la note. Pour corriger le tir, l’Iddri suggère de placer les ODD sous la responsabilité directe du Premier Ministre.
2020 et 2021 : l’érosion de la biodiversité
Au cours du quinquennat, la lutte contre la dégradation de la biodiversité sera au coeur de plusieurs rendez-vous internationaux. “Sur la scène internationale d’abord, avec la tenue en 2020 de la COP biennale de la Convention sur la biodiversité, qui fera le bilan des engagements pris à Aichi en 2010 pour stopper l’érosion de la biodiversité. Sur la scène européenne ensuite, avec le point d’étape en 2021 de la directive européenne sur l’eau qui déclenchera de nombreux débats sur le coûts du mauvais état écologique des milieux aquatiques pour notre économie, pour la production d’eau potable pour les villes et les industries.”
Au niveau national enfin : “La France dispose aujourd’hui d’une boîte à outils pour préserver son patrimoine, que certains groupes d’intérêt essaieront de remettre en cause”, anticipe l’Iddri. Il faudra donc s’assurer que les acteurs de terrain – les associations et l’administration – auront les moyens d’agir.
2020 : la transition agricole
Le quinquennat sera aussi marqué par la réforme de la politique agricole commune (PAC) en 2020. L’Iddri appelle – outre à protéger les agriculteurs – à les accompagner « dans une transition tirée par une demande toujours plus forte des consommateurs pour une agriculture moins consommatrice de pesticides, agro-écologique ou biologique ». A l’échelle française, l’Iddri appelle à tirer un bilan précis du projet agro-écologique du précédent gouvernement, de continuer à « suivre, évaluer et accompagner les initiatives de transition en cours ». En pensant à l’ensemble des mesures nécessaires en matière fiscale, comptable, d’innovation et de structuration des filières.