On s’en doutait mais on le taisait et on le tait encore trop souvent, le harcèlement et/ou l’agression sexuels en politique ne se pratiquent pas uniquement parmi les élus du Parlement. Quelques maires vivent aussi le pouvoir comme un aphrodisiaque puissant. Mais ce n’est pas ce qu’on attend d’eux dans l’exercice de leur mandat. En tout cas, ce n’est pas ce que l’on attendait de Michel Rotger, 66 ans, maire Les Républicains de Chevigny-Saint-Sauveur qui comparaissait devant le tribunal correctionnel de Dijon le 11 mai dernier..
“Une machination politique”
L’élu est accusé de “harcèlement et d’agressions sexuelles par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction” sur une employée communale, une adjointe technique, lingère à la cantine d’un groupe scolaire. Faits qui seraient survenus entre octobre 2013 et janvier 2014. L’affaire ayant éclaté juste avant le premier tour des élections municipales, il n’avait pas fallu attendre pour que la parole de la “présumée victime” soit mise en doute et suspectée de malveillance.
Rumeurs et propos insidieux se répandent alors rapporte une journaliste d’Europe1 : “Je pense que le maire est quelqu’un de sérieux. Je pense qu’il a été victime d’une machination politique”, analyse l’un. “Elle (la présumée victime) fait ça parce qu’elle cherche à gagner de l’argent” suggère une autre avant qu’un troisième ne lance le triste et habituel : “Elle l’a bien cherché”…
Face à ses allégations diverses et variées, l’avocate de la victime a tenu à préciser que sa cliente avait “quand même fait une tentative de suicide avant d’être hospitalisée et je ne pense pas que ce soit pour faire du cinéma. Elle est en arrêt maladie depuis plus deux ans. Elle souffre d’un syndrome de stress post-traumatique engendré par les violences sexuelles”.
“Ce n’est pas mon style, ce n’est pas mon genre…”
L’employée municipale, soutenue par l’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail qui s’est portée partie civile dans cette affaire, accuse l’édile dijonnais de lui avoir notamment “mis une main aux fesses, de l’avoir embrassée de force sur la bouche plusieurs fois, de l’avoir coincée dans les toilettes et d’avoir mis sa main sur son sexe dans son pantalon, de lui avoir touché les seins (sur et sous ses vêtements), de s’être collé à elle par derrière la verge en érection, et ce devant une collègue et deux techniciens d’une entreprise de sous-traitance. ”
“Ce n’est pas mon style, ce n’est pas mon genre. Je n’ai jamais agressé quelqu’un” a redit Michel Rotger devant le tribunal pour sa défense. Pour le maire, il s’agit bel et bien d’une “machination politique”mise en place durant la campagne électorale de 2014 au profit de son adversaire divers droite et dont la plaignante qu’il aurait qualifiée de “Femme facile” (L’Express) aurait été l’instument.
Le parquet a requis deux ans de prison avec sursis à l’encontre du maire de Chevigny-Saint-Sauveur. Le jugement sera rendu d’ici un mois.