Des castors devant le tribunal administratif

A Distré (Maine-et-Loire – 1.673 hab), on ne plaisante pas avec le bien vivre ensemble. Et quand cela devient impossible, c’est le maire qui se charge de résoudre la crise. C’est en tout cas ce qu’il est en train de tenter de réaliser avec des castors qui ont élu domicile dans sa commune.

Depuis quatre ans, une famille a élu domicile sur le Douet, un ruisseau qui alimente le marais de Distré. Seulement, voilà, cette famille-là n’est pas une famille ordinaire puisqu’elle est capable de provoquer des inondations en construisant des barrages et qu’en plus elle est protégée. Et depuis quatre ans, le maire, Éric Touron, cherche une solution pour éviter ces désagréments. Mais on le laisse seul face à ces rongeurs-bâtisseurs qui composent cette famille de castors bien envahissante.
A nos confrères de Saumur kiosque il a confié son désarroi : “les barrages qu’ils construisent provoquent des inondations dans le bas d’une ferme, bloquent le passage d’un sentier pédestre et ne permettent plus d’assurer les coupes de bois comme autrefois. Notre marais est devenu impraticable.”

 

Et pourquoi ne pas tenter le coup du siphon ?

Une solution : expulser les castors. Là encore, la chose n’est pas si facile puisque ce charmant animal est intégralement protégé au niveau national depuis 1968. Par conséquent, sa destruction ou celle de son environnement (y compris les barrages) est interdite (arrêté ministériel du 23 avril 2007). À ce titre, il relève donc de l’administration départementale de procéder à toute intervention sur l’animal et son habitat. Du côté de la mairie on a donc organisé des réunions de concertation pour tenter de trouver une solution, notamment en regardant du côté de la technique dite des “siphons” (voir ci-dessous) utilisée par les Canadiens. Mais là encore, le maire s’est cassé les dents sur un problème : personne ne souhaitait prendre en charge la mise en œuvre et l’entretien de cette opération.

De guerre lasse, le conseil municipal qui s’est réuni le 17 septembre dernier, a décidé à l’unanimité de déposer un recours devant le tribunal administratif de Nantes et pris une délibération dont voici le contenu le contenu : “Dans le cadre de la présence de castors, Monsieur le Maire expose qu’aucun service de l’État, ni la LPO, ne souhaite gérer les siphons qui semble-t-il permettraient un écoulement satisfaisant de l’eau tout en préservant les barrages. Compte tenu des désordres occasionnés par ces barrages et du désengagement de l’État sur une espèce dont il a validé la protection », les élus ont autorisé le Maire “à déposer un recours devant le tribunal administratif de Nantes afin d’obtenir de l’État qu’il assume totalement ses responsabilités à l’égard de cette espèce protégée ou qu’il donne l’autorisation de détruire ces barrages.”

Une décision qui, on s’en doute, ne satisfait vraiment pas le maire : “Notre action se veut avant tout une expression auprès des services de l’État et la LPO qui ne souhaitent pas mettre en œuvre les dispositifs qui permettraient une cohabitation positive entre ces rongeurs, et les activités humaines du marais.”

Comme quoi certains barrages ne sont pas uniquement de la responsabilité des castors.

 

*Technique du siphon : Pour contrôler le niveau d’eau en amont d’un barrage de castor, la technique du siphon
employée en Amérique du Nord consiste à utiliser des tuyaux qui évacuent le trop-plein d’eau
jusqu’à une hauteur désirée. Ces dispositifs permettent ainsi d’abaisser le niveau
de l’eau à un degré acceptable, tout en évitant que le Castor ne parte. (Cliquez pour voir des schémas et photos en page 20 de ce document)

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