Biomasse : un rapport parlementaire préconise la territorialisation des projets

Pour réussir sa transition énergétique, la France devra définir une stratégie publique cohérente et ambitieuse pour valoriser l'énergie issue de la biomasse (bois, déchets etc.), selon un rapport parlementaire présenté ce 19 juin. Une politique nécessairement territorialisée en lien avec les collectivités locales. 

Selon le rapport de la mission d’information sur la biomasse, présenté ce 19 juin par les députés Sophie Rohfritsch (UMP, Bas-Rhin) et François-Michel Lambert (Ecologiste, Bouches du Rhône) devant la commission du Développement durable, les investissements publics comme privés en faveur de cette ressource d’énergie renouvelable doivent se concentrer au niveau local. Les objectifs de la France sont ambitieux en termes de production d’énergies renouvelables (23% dans la consommation totale d’énergie finale à l’horizon 2020) et la biomasse a une part importante à y jouer. Le rapport présente par conséquent plusieurs pistes destinées à améliorer la valorisation de cette énergie encore largement méconnue, alors qu’elle constitue à elle seule les 2/3 des énergies renouvelables en France. Pour rappel, la biomasse représente aussi bien la fraction biodégradable “des produits, déchets et résidus provenant de l’agriculture, y compris les substances végétales et animales issues de la terre et de la mer, de la sylviculture et des industries connexes, ainsi que la fraction biodégradable des déchets industriels et ménagers”. Ces matières peuvent dégager de l’énergie soit par combustion directe ou suite à une ou plusieurs étapes de transformation (gazéification, pyrolyse). En France, le bois-énergie a fourni à lui seul en 2011 46% de l’énergie renouvelable. S’y ajoutent les biocarburants (10%), les déchets ménagers (6,4%), le biogaz (1,8%) et les résidus agricoles (1,8%). Or, paradoxe important, 85% des financements de notre pays consacrés au soutien du développement des énergies renouvelables s’adressent plutôt à l’éolien et au photovoltaïque, souligne la députée UMP, Sophie Rohfritsch.

Schéma national
Sans sectoriser les ressources (bois, déchets, effluents agricoles, boues d’épuration etc.), ce rapport, complémentaire du rapport du président de l’ONF, Jean-Yves Caullet, sur la filière bois, s’intéresse à la façon dont l’ensemble de ces ressources peuvent être transformées en électricité, chaleur, voire carburant. Principale préconisation : favoriser les projets locaux de taille moyenne et adaptés aux ressources locales dans lesquels tous les acteurs de la chaîne sont impliqués. Pour le député écologiste, François-Michel Lambert, “il est nécessaire d’avoir des projets de territoire”. Pour ce faire, le rapport propose de profiter de l’Observatoire national de la biomasse pour dresser un schéma national permettant de définir les spécificités et les dimensionnements des ressources et de garantir un bilan carbone vertueux.

“Une organisation territoriale des acteurs publics et privés autour de projets de taille raisonnable, privilégiant la production de chaleur, la cogénération et la production de biométhane, présente les meilleures probabilités de succès à un coût raisonnable”, considèrent les corapporteurs dans leurs propositions. François-Michel Lambert a ainsi loué le programme porté par la Fédération nationale des communes forestières ” Mille chaufferies”, qu’il juge “très adapté car territorialisé”. Le député des Bouches-du-Rhône a en revanche multiplié les critiques à l’encontre d’une grande centrale électrique au bois de l’énergéticien allemand EON prévue à Gardanne, au motif de l’insuffisance de son approvisionnement local. Il a par ailleurs insisté sur la nécessaire complémentarité des six usages –ou “6 F” – de cette ressource qui sert à la fois les fourneaux (alimentation humaine), les fourrages (alimentation animale), les fibres (industrie : bois et papier), la fumure (réalimentation du sol), la forêt (biodiversité) et le fioul (biocarburant). Il s’agit de “privilégier les usages à forte valeur ajoutée et à fort rendement”, a-t-il insisté. Parmi les autres propositions, le rapport recommande un soutien public “à un niveau acceptable”, la plupart des projets de biomasse n’étant pas encore rentables. Il convient toutefois d’éviter les effets d’aubaines à l’instar de ceux constatés dans le secteur photovoltaïque en 2010, relèvent les rapporteurs. Autre écueil à éviter s’agissant du biogaz, celui de d’une “course à la production de cultures énergétiques”, dont l’Allemagne fournit l’exemple. Il s’agit au contraire de privilégier une démarche d’économie circulaire réutilisant les déchets.

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