Algues vertes : bilan mitigé pour le plan 2010-2015

Le comité régional de pilotage s'est réuni à Rennes pour dresser le bilan du plan Algues vertes 2010-2015. Force est de constater que les objectifs ne sont pas atteints, en particulier sur la baie de Saint-Brieuc, bassin versant le plus important du plan. Un autre plan sera élaboré pour 2016-2021.

Doté de 134 millions d’euros en 2010, le plan Algues vertes se fixait pour objectif d’intervenir sur huit baies touchées par la problématique des algues vertes sur une période de cinq ans. La réduction de la prolifération algale supposait de limiter des taux de nitrates de 10 à 25 mg/l. Pour cela, le plan visait à réduire de 30 à 40% les flux de nitrates à échéance de 2015.


Des bassins au-dessus de 25 mg/l et des surfaces touchées qui évoluent peu

A ce jour, sur 3.000 exploitants agricoles concernés, 75% ont procédé à un diagnostic et 62% ont signé une charte individuelle pour réduire les fuites d’azote. Pourtant, même si les taux ont baissé sur cinq ans, les huit bassins restent tous au-dessus des 25 mg/l. Fresnaye, Guisseny et l’Horn sont encore au-dessus de 40 mg/l. Dans trois cours d’eau (Lannion, Saint-Brieuc, Fresnaye), les concentrations de NO3 ont même augmenté entre 2012 et 2014.

Les surfaces couvertes par les algues varient peu depuis 2010 : en 2014 elles sont identiques à celles de 2011. En ce qui concerne les tonnages, ceux ramassés en 2015 sont équivalents à ceux de 2013, après une chute en 2014. Visiblement, le compte n’y est pas ! La préfecture le reconnaît d’ailleurs à demi-mot, évoquant dans son communiqué des « marges de progrès [qui] restent à conduire ».


Des pratiques modifiées à la marge

Sur les huit baies concernées, deux (Saint-Brieuc et Lannion) étaient déclarées prioritaires car elles cumulaient la moitié des algues échouées en 2009 (35.000 m3). En baie de Saint-Brieuc, il s’agissait de modifier les pratiques agricoles sur 20% de la surface agricole utile (SAU). Au final, seulement 7% de la SAU est concernée. Le plan prévoyait de convertir trente nouvelles exploitations en agriculture biologique (1.500 ha). Seules six l’ont été soit 281 ha.

Pourtant Bruno Le Maire, alors ministre de l’Agriculture avait annoncé à Rennes « un changement dans les pratiques agricoles » et « si le volontariat ne marche pas, on passera à des mesures réglementaires obligatoires ». Mais ce volet réglementaire contraignant n’a jamais été mis en œuvre.


Un prochain plan pour la période 2017-2021

Résultat : la Bretagne en est à son cinquième programme régional d’actions Nitrates. « La DCE avait fixé quinze ans pour atteindre ses objectifs, ça n’a pas suffi : on parle aujourd’hui de 2021, voire 2027. On n’imaginait pas non plus en 2010 avoir un second plan Algues vertes », déplore Jean-François Piquot chez Eaux et rivières de Bretagne. C’est pourtant ce qui se profile : un prochain plan sera élaboré en 2016 pour la période 2017-2021.

Quels objectifs de réduction pourra-t-il bien prévoir ? Car les agriculteurs ont déjà adapté au maximum leurs systèmes intensifs actuels pour réduire les nitrates. « Ils n’arriveront pas à descendre beaucoup plus bas sans changer de pratiques agricoles. Par ailleurs, la crise porcine le montre, ce système est à bout de souffle, non seulement d’un point de vue écologique, mais aussi économique. Il ne permet même plus aux éleveurs de gagner leur vie. Il est urgent d’en changer », conclut-il.

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