Une délégation de la ville de Suresnes témoigne au Parlement européen

Une délégation suresnoise est attendue au Parlement européen le 12 septembre pour y témoigner de l'expérience menée dans le cadre du projet Univers' Emploi. Ce projet a pour objectif de développer un accompagnement des étudiants en situation de handicap, permettant de conjuguer efficacement réussite universitaire et accès à l'emploi. 80 étudiants européens handicapés en fin d'études ont formé un binôme avec un parrain, en entreprise ou dans le secteur public, qui l'a aidé à concrétiser son projet professionnel.

Financé avec le soutien de la Commission européenne, le projet Univers’ Emploi associe l’université d’Aarhus (Danemark), le Trinity College de Dublin, l’université de Cork (Irlande), l’université Foro Italico de Rome, ainsi que les universités de Nanterre, Strasbourg et Montpellier.

A l’initiative de Béatrice de Lavalette, adjoint au maire en charge des Ressources humaines et conseillère régionale Ile-de-France, la mairie de Suresnes compte, parmi les 4 employeurs de la région (avec IBM, Capgemini et Pôle Emploi, participant au projet dans le cadre d’un partenariat avec l’INS HEA (Institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés) qui pilote la mise en œuvre d’Univers’ Emploi en France.
Quatre agents volontaires de la ville de Suresnes, tous sensibilisés à la question du handicap, se sont ainsi vus confier l’accompagnement d’étudiants de l’Université de Nanterre.

Univers’ Emploi répond à un constat paradoxal : en France, en dépit des objectifs législatifs et des campagnes de sensibilisation, l’augmentation du nombre d’étudiants handicapés ne se traduit pas par une hausse du nombre de personnes occupant un emploi. Alors qu’un premier bilan va être tiré au Parlement européen, force est de constater qu’à Suresnes cette démarche aura été enrichissante tant pour les étudiants que pour leurs parrains.

 

Ne plus faire du handicap un obstacle à l’emploi

Sur le chemin de l’emploi, il y a encore quelques mois Mathieu Le Goff avait surtout l’impression de savoir ce qu’il ne voulait pas, mais ignorait ce qu’il voulait vraiment. A 26 ans ce diplômé en histoire et en sciences économiques avait déjà fait l’expérience des aléas de l’insertion professionnelle. Un premier stage, un premier contrat dans une structure associative, l’impression que son handicap ne serait pas plus un obstacle à son parcours professionnel qu’il ne l’avait été à ses études. Et au bout d’un an, face aux difficultés structurelles de l’employeur une rupture de contrat.

« Dans ce contexte, souligne-t-il, le handicap se révèle un facteur aggravant. Il implique une organisation très précise de la vie quotidienne, notamment trouver un logement adapté. On ne peut se permettre de démanger tous les six mois. »
Pour Mathieu redevenu étudiant à l’Institut préparation de l’Administration générale Univers Emploi est venu à point nommé.  Le tandem qu’il a formé avec Marie Rodier, agent du service Ressources humaines de la ville de Suresnes, lui a redonné une confiance bien malmenée par de premiers échecs à des concours.

« J’en ressors soulagé, confie-t-il. Je commençais à en avoir un peu ma soupe de préparer des concours j’avais besoin de concret. Marie a su me donner les clés pour mettre en valeur mes compétences généralistes dans un cadre professionnel. J’ai appris à mieux gérer mon emploi du temps, à être plus positif et à hiérarchiser mes projets professionnels ». Cette expérience a aussi élargi l’horizon professionnel de Mathieu. « Désormais, je suis ouvert à d’autres projets pas seulement la Fonction publique d’Etat ».

 

« Le handicap n’est pas encore entré dans nos habitudes de travail… » 

Au terme de son parrainage Mathieu a enchaîné avec un stage de deux mois dans le service de la Politique de la ville à Suresnes. « On peut connaître un organisme sans savoir ce qu’il recouvre dans la réalité et pratiques. Là j’ai pu m’ouvrir vraiment aux
missions des collectivités territoriales.»

L’échange a apporté au parrain comme au parrainé. « Pour moi aussi ce partenariat a été enrichissant, souligne Marie Rodier. La présence de Mathieu au quotidien lors de son stage m’a également fait apparaître, qu’en dépit des efforts le handicap n’est pas encore entré dans nos habitudes de travail. J’ai pris concrètement conscience des difficultés d’accessibilité en le voyant évoluer en fauteuil roulant dans les bâtiments municipaux et en même temps j’ai constaté la force de sa recherche d’autonomie qui fait qu’il ne cherchait pas forcément à être aidé. Disons que je crois que cela apporte un savoir vivre. »

A un mot près, Mathieu, pour qui ce dispositif est une expérience à pérenniser, ne dit pas autre chose. « De nombreux jeunes adultes handicapés ont des potentialités et des compétences mais peu sont éduqués à s’accepter dans un cadre professionnel. Je crois qu’il faut inciter les professionnels qui le veulent à s’engager. Car ils peuvent transmettre un vécu quelque chose qui nous aide à être opérationnels pas obligatoirement dans le savoir faire, mais d’abord dans le savoir être. »

« Pour un jeune, l’entrée dans la vie active est difficile. Ça l’est plus encore pour un étudiant en situation de handicap », constate l’adjointe au maire, Béatrice de Lavalette. « En tant qu’acteur public, nous avons vocation à soutenir les projets innovants, afin que les entreprises se les approprient. En tant qu’employeur – le taux d’emploi de salariés handicapés à la mairie de Suresnes est de près de 5,5 % – nous devons donner l’exemple. Mais cela aurait été impossible sans l’implication des agents de laville volontaires pour être parrains. Ils nous ont permis de questionner les méthodes de management des équipes qui intègrent des personnes en situation de handicap et ont contribué à transformer cet « essai en un dispositif viable à long terme », conclue-t-elle.

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