Un constat s’impose d’emblée : le premier rang mondial de la France comme destination touristique ne doit pas être considéré comme allant de soi. En effet, le rapport précise que dans un contexte de grand dynamisme des flux touristiques internationaux, lié à la mondialisation, les positions acquises peuvent se retrouver rapidement remises en cause. Ainsi, la France n’occupe plus que la troisième place en termes de recettes, derrière les Etats-Unis et l’Espagne. Or, l’importance des activités touristiques pour l’économie française ne saurait être sous-estimée car elles constituent “un relais de croissance majeur et une source d’emplois essentielle.” Ces considérations justifient donc “un effort vigoureux et soutenu pour maintenir la compétitivité de notre pays en matière de tourisme”.
Or, si la France dispose depuis 2009 d’un opérateur unique, Atout France, chargé du développement et de la promotion de la “destination France”, les rapporteurs ont constaté que ses ressources financières (80 millions d’euros), publiques et privées, demeurent inférieures à celles du principal concurrent européen, l’Espagne (200 millions d’euros).
Par ailleurs, la marque “Rendez-vous en France”, qui doit devenir l’emblème de la promotion de la “destination France”, connaît un déficit de notoriété qui doit être de toute urgence comblé sur le plan international.
Enfin, la multiplicité des intervenants institutionnels dans le tourisme entraîne une dispersion des moyens publics contribuant à la politique du tourisme qui représentent 1,2 milliard d’euros par an, dont 513 millions d’euros pour les offices de tourisme et syndicats d’initiative (OTSI), 193 millions d’euros pour les comités départementaux du tourisme (CDT) et 140 millions d’euros pour les comités régionaux du tourisme (CRT).
Partant de ces constats, André Ferrand et Michel Bécot estiment qu’il manque encore “une grande politique du tourisme” et les moyens nécessaires pour la mettre en œuvre. Aussi préconisent-ils une série de mesures déclinées à partir de deux axes majeurs : la mobilisation des ressources nécessaires pour promouvoir la destination “France” et l’application d’une stratégie commune d’action réunissant tous les acteurs du secteur
Mobiliser les ressources nécessaires pour promouvoir la “destination France”
Sous cet axe majeur, le rapport sénatorial décline plusieurs pistes :
– développer des synergies autour des moyens existants, en identifiant plus précisément les sources de financement éparpillées entre les différents acteurs publics et privés afin de mieux orienter les ressources nécessaires à la promotion internationale de la “destination France”.
– Mettre à profit la réforme territoriale pour redéfinir les compétences de chaque niveau de collectivité et relancer la dynamique de contractualisation Etat-Régions.
– Sécuriser le recouvrement et élargir l’assiette de la taxe de séjour au bénéfice des collectivités locales tout en explorant la piste de la création d’une part additionnelle de cette taxe dédiée à la promotion de la “destination France”.
– Mobiliser des ressources nouvelles pour soutenir l’investissement (les partenariats publics-privés, les fonds européens et les financements afférents au “grand emprunt” dans le secteur de l’économie numérique).
Appliquer une stratégie commune d’action réunissant tous les acteurs du secteur
Cette stratégie, selon les sénateurs devra :
– recentrer le pilotage de la stratégie touristique à l’international en confortant le rôle d’Atout France comme opérateur pivot de la promotion de la “destination France” et la marque “Rendez-vous en France” comme support commun de communication.
– Encourager la mutualisation des moyens des institutionnels du tourisme afin de développer des synergies et des économies d’échelle.
– Poursuivre l’adaptation du réseau international d’Atout France à la nouvelle clientèle internationale et son intégration au réseau des ambassades et agences françaises à l’étranger (les services économiques, Ubifrance et l’Agence française pour les investissements internationaux).
– Se doter d’un outil de prospective économique, d’évaluation et d’orientation en matière de formation professionnelle.
– Encourager les professionnels du tourisme à agir en commun et à se fédérer au sein d’une instance de représentation à l’exemple d’Exceltur en Espagne, pour assurer une promotion plus efficace de l’offre touristique française.
– Promouvoir au plus haut niveau de l’Etat une “grande politique du tourisme”, soutenue par un ministre qui lui soit tout entier consacré, et de mettre en place un pilotage interministériel des projets stratégiques de développement de la “destination France”.
– Expérimenter, à titre de “laboratoire test” de cette nouvelle stratégie commune d’action, la création d’une nouvelle destination internationale dans le Val-de-Loire, connu à l’étranger sous le nom de “Loire Valley”.