Pour que les avions puissent décoller en hiver, les aéroports utilisent des dégivrants: en moyenne 4 millions de litres de mono-propylène glycol sont vaporisés sur les avions et 2,5 millions de litres de formiates de potassium et de sodium sur les pistes. Soumis à la loi sur l’eau, les aéroports doivent récupérer et traiter ces eaux de ruissellement. A Orly, ce sont 3 à 5 millions de mètres cubes d’eaux de ruissellement qui sont collectés et traités chaque année. Conçu par Aéroports de Paris ingénierie (ADPI) et géré par Lyonnaise des eaux, le nouveau marais filtrant de type filtre planté permettra d’améliorer le traitement de ses eaux. « Généralement, les eaux de ruissellement des parkings d’avions sont récupérées, mais plus rarement celles des pistes. Seul l’aéroport de Bâle-Mulhouse est équipé de filtres plantés et ceux de Roissy, Orly et Toulouse disposent d’un système de traitement des eaux pluviales. Mais l’hiver, les polluants se dégradent très lentement et il faut des bassins de stockage énormes, ce qui crée non seulement des problèmes fonciers, mais également de sécurité aérienne à cause des effets miroir ou des collisions avec les oiseaux d’eau, par exemple », déclare Benoît Mars, chef de la subdivision eau du service technique de l’aviation civile (STAC).
C’est pourquoi dès 2007, des essais ont été menés en laboratoire. Ils se sont poursuivis à l’aéroport d’Orly de 2008 à 2010. « Nous avons placé des plots de 1 m3 végétalisés en amont de la lagune. Au final, l’objectif d’abattre 80 % de la charge organique a été atteint. », a constaté Benoît Mars. Désormais, les eaux de ruissellement seront envoyées dans un nouveau bassin tampon de 13 000 m3, où les produits hivernaux commenceront à se dégrader, puis passeront dans le marais filtrant adjacent de 6500 m² qui complétera le traitement physico-chimique. Grâce à des capteurs en sortie de marais, l’eau rejoindra le milieu naturel ou réeffectuera un cycle si elle n’est pas d’assez bonne qualité. Aéroport de Paris a investi 4 millions d’euros dans ce projet aidé par une subvention de 20% de la part de l’agence de l’eau Seine-Normandie.