Daniel Léger, maire de Verneuil-en-Bourbonnais, un village de 256 habitants dans l’Allier, souhaite sauver l’unique restaurant de sa commune qui a fermé en raison du départ à la retraite de ses précédents propriétaires.
Propos recueillis par Yannick Urrien.
Journal des Communes: Quel est votre bassin de vie pour pouvoir assurer la viabilité d’un restaurant ?
Daniel Léger: Nous sommes très proches de Saint-Pourçain-sur-Sioule et nous avons aussi toutes les petites communes environnantes. Il faut également savoir qu’il n’y a pas une offre de restauration pléthorique à Saint-Pourçain-sur-Sioule, on en est loin… C’est donc tout notre bassin de vie.
JDC: Cette population compte environ 10000 personnes, un restaurant serait donc rentable…
DL: Je le pense, d’autant plus que nous sommes un village touristique, très fréquenté l’été, et les gens sont désolés de voir que le café-restaurant est fermé et qu’ils ne peuvent même pas prendre une boisson l’après-midi. C’est une dame qui a tenu cet établissement pendant très longtemps. Elle a plus de 80 ans, elle est en EHPAD et son compagnon a dû aussi arrêter. Notre gros souci, c’est que ce bâtiment était à vendre en restaurant comme en maison d’habitation, et nous avons eu peur que le bâtiment devienne uniquement une maison d’habitation. Le Conseil municipal, après avoir pris l’avis du Trésor public sur les capacités financières de la commune, à décidé
de sauver le bâtiment dans un premier temps. Nous sommes entrain d’acquérir ce bâtiment. Ensuite, il faudra le restaurer et le mettre aux normes, ce qui demande un investissement assez conséquent, et la problématique sera de trouver les subventions nécessaires pour réaliser les travaux. Si c’est le cas, on réalisera les travaux. Si ce n’est pas le cas, on sera alors obligé de revendre le bâtiment. Nous ferons tout pour obtenir des subventions de I’Etat, de la région et du département.
Nous avons l’espoir d’avoir des naissances pour maintenir l’école.
JDC: On nous répète que beaucoup de gens veulent quitter les villes pour créer des commerces à la campagne, toutefois cela ne se vérifie pas… Comment expliquez-vous cela ?
DL: Nous n’avons pas encore cherché quelqu’un pour racheter et rénover ce bâtiment mais, compte tenu de l’investissement nécessaire, on sait que ce sera compliqué. Notre objectif est plutôt de préparer l’outil, donc de restaurer le bâtiment et, ensuite, trouver quelqu’un en gérance. La solution idéale serait évidemment de trouver quelqu’un maintenant, qui achète le bâtiment tel qu’il est et qui réalise lui-même les travaux. Ce serait beaucoup plus simple pour nous. Nous n’avons pas cherché à le faire et ce serait peut-être une solution. Mais il faut quand même investir 200000 euros pour ensuite rentabiliser l’affaire. Je ne sais pas si c’est jouable… Pour répondre à votre question, nous sommes dans une situation assez désolante. Il y avait de la vie dans nos communes et, maintenant, nous avons l’espoir d’attirer des gens qui recherchent une qualité de vie qu’ils ne trouveront pas ailleurs.
JDC: Arrivez-vous a attirer de jeunes couples ?
DL : En 2022, nous avions quelques maisons en vente et elles ont toutes été achetées par de jeunes couples. Donc, un renouvellement de la population va se faire. Nous avons l’espoir d’avoir des naissances, car ce serait indispensable pour maintenir l’école. Nous n’avons pas beaucoup de nouvelles constructions, mais les maisons anciennes qui ont été acquises l’ont été par des jeunes. D’ailleurs, dans notre région, nous avons un bassin de vie très dynamique, avec les établissements Louis Vuitton qui emploient près de mille personnes, c’est quand même conséquent. Il y à d’autres installations industrielles. Donc, c’est un bassin d’emploi assez important.