Un maire équipe ses habitants de bombes lacrymogènes

Plutôt la lacrymo que le fusil. C’est ce que préconise le maire de Magnac-Lavalette-Villars, une commune rurale de Charente.

Didier Jobit, le maire de cette petite commune de 450 habitants n’a pas perdu la raison, il est inquiet. Inquiet depuis que l’un de ses administrés s’est fait agressé à son domicile.
Le 24 janvier dernier, Lucien, 72 ans, entend sonner à sa porte. Il a à peine ouvert qu’un homme cagoulé lui fait face en lui demandant de l’argent. Lucien affronte son agresseur, se bat et se débat… un coup de fusil retentit. Lulu, comme on le surnomme au village, est blessé sous la mâchoire. “On n’était pas loin de la carotide”, répète-t-il choqué.
Pour le maire et conseiller général divers-droite qui se défend de promouvoir l’autodéfense, “Lulu a bien fait de résister, s’il ne l’avait pas fait, on ne sait pas où ça se serait arrêté”. Cependant, Didier Jobit estime qu”‘une arme chargée chez soi ce n’est pas normal, on peut commettre l’irréparable, agression à domicile ou pas”. C’est précisément pour éviter “des drames” similaires à ceux qu’il a vécus durant sa carrière de pompier “avec des enfants touchés en manipulant des armes” qu’il souhaite “répondre à la problématique des fusils dans les maisons” en proposant que les habitants se dotent de bombes lacrymogènes, de détecteurs de présence et de chaînettes de sécurité aux portes.

 

Une charte d’utilisation à “bon escient”

Le conseil réuni à huis clos vendredi soir a voté pour la mesure et a contourné le veto dont le menaçait la préfecture en optant pour une formule d’achat groupé. Ainsi, le coût sera non pas à la charge de la commune mais des foyers volontaires, ceux-ci devant signer une charte d’utilisation à bon escient “à domicile ou à proximité en cas d’agression physique.” L’achat groupé pourra être étendu à d’autres équipements de sécurité domestiques, tels que des œilletons ou entrebâilleurs de portes à chaîne, et la population sera sondée sur ses souhaits. Le principe du dispositif “Voisins vigilants”, qui incite les riverains à signaler tout comportement suspect à la gendarmerie, a par ailleurs été adopté par le conseil.
Avant ce conseil municipal, le directeur de cabinet du préfet de la Charente, Ludovic Pacaud, avait estimé qu’une telle initiative sortait des prérogatives du maire et l’avait notamment invité “à explorer avec la gendarmerie d’autres moyens conventionnels” au travers du dispositif Voisins vigilants.

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