Maladresse de timing ou contre-pied bien pensé ? A quelques jours de l’adoption du plan Loup 2013-2017, dont l’entrée en vigueur est prévue au printemps prochain, des sénateurs ont adopté le 23 janvier une proposition de loi créant des zones d’exclusion pour tenir à l’écart cette espère protégée. Le texte du sénateur de Lozère Alain Bertrand prévoit que ces zones regrouperont “les communes dans lesquelles les activités pastorales sont gravement perturbées par les attaques de loups qui causent des dommages importants”. Pour autant, ces zones “ne devront pas menacer la présence du loup” en France. Ceci dit, “la destruction de ces prédateurs y sera autorisée”, et ce “par arrêté préfectoral et indépendamment du prélèvement existant aujourd’hui au niveau national”.
Pour Stéphane Mazars, sénateur de l’Aveyron et rapporteur de la proposition de loi, “pour être en conformité avec la convention de Berne et la directive Habitats, ce texte soumet la création de ces zones à trois conditions : il faut que le risque soit établi, à partir des attaques constatées et qu’il menace l’activité pastorale ; les mesures de protection doivent avoir démontré leur insuffisance ; enfin, la mesure prescrite respecte l’équilibre entre l’activité pastorale et la protection des loups, puisqu’elle autorise, non pas bien sûr à éradiquer l’espèce dans les zones concernées, mais à en abattre un quota, pour endiguer les destructions”.
Adopté de justesse par la commission développement durable du Sénat, cette proposition de loi a fait bondir les associations de défense du loup, qui espèrent que le plan national sera plus nuancé. A leurs yeux, les mesures à prendre doivent tenir compte des pratiques locales d’élevage et du niveau de présence du loup. Elles plaident pour une meilleure organisation de défense des troupeaux menacés avec des clôtures et des chiens, plutôt que par l’abattage de l’animal. Même levée de boucliers du côté des associations environnementales : selon France Nature Environnement, “ce texte n’est ni applicable sur le terrain, ni juridiquement valide”.