Tout a commencé à Martigny, en Suisse. Cette ville abrite le centre de recherches énergétiques et municipales (Crem), qui concocte des outils informatiques permettant aux collectivités d’appréhender la situation énergétique de leur territoire. Le Crem est ainsi à l’initiative de l’outil PlanETer (pour « Planification Energétique Territoriale »), qui tire parti des systèmes d’information géographique (SIG) et leur permet d’avoir une vision énergétique globale de leur territoire et de disposer de données de base. Il a ainsi permis à la commune de Collombey-Muraz, toujours côté suisse, de jauger son potentiel solaire, « supérieur à la moyenne nationale ». « Et à d’autres communes utilisatrices de se fixer des objectifs mais aussi de lancer des projets concrets : géothermie, mini-éolien », vante le Crem. Une fois qu’elles appréhendent de manière plus systémique l’approvisionnement et la consommation d’énergies de leur territoire, « grâce à une structuration spatiale des données et une mise en forme des résultats sur l’outil cartographique », des recommandations sont fournies pour exploiter chaque ressource d’énergie recelant un potentiel intéressant.
Mieux qu’un cadastre solaire
« C’est sur la base de cet état des lieux que des zones énergétiques sont dressées, effectivement comme dans un cadastre », rebondit Eric Fournier, maire de Chamonix et président de la communauté de communes de la vallée de Chamonix Mont-Blanc. Paris avait déjà son cadastre solaire. Bordeaux veut d’ailleurs aussi le sien. « Mais ici on va plus loin. Les potentialités solaires ne sont pas les seules prises en compte, l’ensemble des énergies renouvelables l’est », précise l’élu montagnard.
Grâce à une coopération transfrontalière et un programme de financement Interreg IV, 400.000 euros ont été injectés par la vallée de Chamonix et la ville de Martigny pour que cet outil soit utilisable par ces deux collectivités et leurs habitants. « L’idée serait d’étendre cette démarche sur d’autres communes, y compris italiennes », ajoute l’élu.
Pas moins de 10.000 bâtiments ont été caractérisés pour alimenter les cartes. La disponibilité des énergies renouvelables y est indiquée. Une fois ces informations croisées avec celles des consommations d’énergie, l’évaluation des meilleures opportunités de valorisation des ressources énergétiques locales prend du sens. Il suffit de cliquer sur une parcelle ou un bâtiment pour obtenir les informations techniques sur le choix de la meilleure solution énergétique et connaître les aides financières disponibles. « Selon l’emplacement, tel choix d’énergie renouvelable est possible, telle incompatibilité réglementaire apparaît. L’outil s’adresse donc à la fois aux collectivités – nous l’annexerons à notre SIG existant et l’intégrerons au PLUi – et aux particuliers puisqu’ils peuvent voir si leur domicile est ou non bien placé pour du raccordement géothermique ou du développement solaire », conclut Eric Fournier.