Territoires à énergie positive, territoires hydrogène, ville neutre en carbone… A la fin du précédent quinquennat, Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, se félicitait d’avoir réussi un pari formidable, celui de “faire entrer la transition énergétique dans les conseils municipaux”. Cette dynamique territoriale qui peut se construire autour de projets de développement des énergies renouvelables, France Stratégie, ce “laboratoire d’idées public ayant pour mission d’éclairer les choix collectifs”, la décode et partageait le 31 octobre son analyse des enjeux saillants, au travers d’une webconférence sur “les ingrédients d’une transition énergétique réussie à l’échelle des territoires”.
Donner de la visibilité
Le think tank public rappelle la visibilité médiatique apportée par les initiatives de labellisation. Avec ses territoires à énergie positive (Tepos), le réseau Cler avait engagé un mouvement, qui accompagne une cinquantaine de territoires vers un objectif 100% énergies renouvelables. Le gouvernement lui a emboîté le pas avec ses territoires à énergie positive pour la croissance verte ou TEPCV. Un dispositif de financement dont les règles viennent d’être durcies, ce qui ne manque pas de hérisser les ONG et associations d’élus .
De l’intérêt d’une animation territoriale
Et les contraintes réglementaires ? La loi sur la transition énergétique oblige les EPCI à élaborer un plan climat-air-énergie avant 2019 si elles comptent plus de 20.000 habitants et à compter de 2017 au-delà de 50.000 habitants. Des contraintes que “les territoires s’approprient diversement”, selon France Stratégie. La grande hétérogénéité dans les degrés d’avancement des collectivités a été pointée. Et la nécessité de se tourner non plus vers celles qui ont les meilleures places mais celles qui sont en bout de table : “C’est l’ensemble et non une poignée de collectivités qui doit être mis en mouvement”, insiste Marie Dégremont chez France Stratégie.
Cette spécialiste des questions de transition énergétique relève, parmi les facteurs de réussite, l’importance du portage politique, de la disponibilité sur place d’une ingénierie dédiée (chargés de mission généralistes ou ciblés) et de l’animation territoriale, “afin de partager plus de savoir-faire et d’expertise, lesquels sont souvent un peu dispersés dans les territoires”. “Pour réussir la transition énergétique, nulle recette miracle mais il faut du marketing territorial et de la mise en récit du territoire”, ajoute Bérengère Mesqui, directrice développement durable et numérique chez France Stratégie.
De timides balbutiements
Grenoble, Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais), Dunkerque, etc, les collectivités citées et sondées par ce think tank ont en commun d’avoir un projet fort et de porter une stratégie en lien étroit avec l’histoire locale – la reconversion d’un site minier dans le cas de Loos-en-Gohelle. “Agir, c’est bien mais évaluer, c’est mieux. Il ne faut plus négliger l’importance de l’observation, du partage de données, de l’appropriation des connaissances. Dans les collectivités, il y a en outre des enjeux d’acquisition de compétences et de juste coordination des politiques publiques, par exemple entre un service logement et un service énergie. Pour l’heure, la transition énergétique dans les territoires n’en est qu’à ses balbutiements”, conclut Bérengère Mesqui.