« Les systèmes d’alerte sont sans doute d’un autre temps », observait Hervé Maurey, sénateur de l’Eure et ancien maire de Bernay, lors de la réunion constitutive de la commission d’enquête relative à l’incendie de l’usine Lubrizol, le 17 octobre dernier. Ce drame aurait pu conduire le gouvernement à revoir sa position en la matière, alors que le système des sirènes a été jugé défaillant à cette occasion ; il n’en sera rien.
Lors de l’examen du projet de loi de finances, le 12 novembre dernier, le sénateur de la Sarthe Jean-Pierre Vogel a déploré que « le ministère de l’Intérieur continue de concentrer le financement du système d’alerte et d’information des populations (SAIP) sur la rénovation des sirènes pour les trois prochaines années, à hauteur de 5,6 M€ », ne prévoyant toujours aucun crédit pour la reprise du volet « mobile ». L’élu a en conséquence soutenu le rejet des crédits de la mission « Sécurité », position adoptée par la commission des finances.
Pour le sénateur, cette stratégie est d’autant plus « surprenante » qu’une directive du 11 décembre 2018 « impose aux États membres la mise en place d’un système d’alerte par téléphone » au plus tard le 21 juin 2022. Spécialiste du sujet – il y a consacré un rapport en 2017 – Jean-Pierre Vogel prêche en faveur de la technologie Cell Broadcast, « utilisée dans d’autres pays », qui permet la diffusion d’alertes claires et immédiates par SMS, « bien plus efficace que les sirènes, peu adaptées aux crises contemporaines ». Un temps envisagé, ce procédé avait finalement été mis de côté au profit d’une application smartphone en libre téléchargement, abandonnée depuis au profit des réseaux sociaux : @Beauvau_Alerte sur twitter et la fonctionnalité Safety Check sur Facebook.
Systèmes d’alerte : le Sénat ne cède pas aux sirènes du gouvernement
Les sénateurs n’ont pas voté les crédits de la mission « Sécurité » du gouvernement. Ils dénoncent, entre autres, l’archaïsme du système d’alerte par sirènes, jugé défaillant lors de l’incendie de l’usine Lubrizol. Ils demandent que l’État se conforme à la directive européenne imposant d’ici à mi-2022 un système d’alerte par téléphone.