Les salles de consommation de drogue à moindre risque, déjà expérimentées dans une dizaine d’autres pays (la plus ancienne en Suisse a été créée il y a trente ans), sont destinées à des toxicomanes majeurs précarisés, qui se droguent dans des conditions d’hygiène précaires, souvent dans la rue ou des halls d’immeuble, selon la majorité. Outre une réduction des risques liés aux injections (infection au VIH, hépatite C…) et une amélioration de l’accès aux soins des usagers de drogues les plus marginalisés, ces salles ont aussi entre autres objectifs une diminution des nuisances dans l’espace public.
Il s’agira de locaux gérés par les professionnels des centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques chez les usagers de drogue (Carrud), où sera autorisée la consommation des substances illicites apportées par ces toxicomanes dans la limite de leur consommation, sous la supervision d’une équipe pluridisciplinaire, avec des professionnels de santé et du secteur médico-social. Les toxicomanes détenant pour leur seul usage et consommant des stupéfiants dans ces salles ne pourront être poursuivis pour usage et détention illicite. De même, les professionnels intervenant dans ces salles ne pourront pas être poursuivis pour complicité d’usage illicite de stupéfiants notamment, s’ils agissent conformément à leur mission de supervision.
Le coût de ces salles est estimé à environ 800.000 euros par an, si l’on se base sur le projet d’expérimentation parisien, a indiqué la ministre de la Santé Marisol Touraine, soulignant, face aux critiques de la droite, que le gouvernement consacrait par ailleurs 388 millions d’euros par an à la prévention et à la lutte contre les addictions.
Des prises de position très contrastées
L’UMP, qui a défendu de nombreux amendements de suppression et prôné le sevrage et l’abstinence, a dénoncé ces salles comme inefficaces à diminuer le nombre de toxicomanes ou à les sortir de leur addiction, comme Bernard Debré, médecin de profession. Le groupe, qui les a considérées comme un feu vert à de “paradis artificiels officiels” et “une première marche vers la dépénalisation” de la drogue, a alerté sur des risques de possibles d’overdoses à l’intérieur et de “zones de non droit” à l’extérieur.
Ses orateurs ont aussi reproché à la majorité de vouloir de se donner “bonne conscience” mais aussi de faire preuve de contradiction, après avoir “stigmatisé l’alcool et le tabac” par de précédentes mesures de ce projet de loi débattues la semaine dernière.
“Arrêtez de vouloir faire peur ! Il ne s’agit nullement d’ouvrir des salles partout en France pour toujours, mais de répondre à des réalités”, a lancé la “députée Seybah Dagoma (PS). Outre Paris, deux autres villes pourraient utiliser cette possibilité.
Quant au gouvernement, sa position contre “la dépénalisation des drogues douces n’a jamais varié depuis 2012”, a assuré la ministre.