Comme l’affirme Christian GRATALOUP, géographe et historien à l’Université Paris VII, “la route naît de l’idée qu’il existe un autre, avec qui on peut échanger”. La mobilité, en tant que possibilité d’accès aux différents réseaux, a toujours joué un rôle essentiel dans l’histoire des hommes et des territoires. Lien entre les hommes et les territoires, mais aussi lieux et vecteurs de partage, de services et de vie, dont chaque citoyen est depuis toujours usager : nos routes et nos rues constituent le socle du premier réseau social.
Le maillage routier français est l’un des plus denses en Europe (1 million de km de routes) et permet, par sa grande capillarité, de relier les territoires entre eux et de favoriser l’accès aux services dans de bonnes conditions. C’est un patrimoine considérable qui, s’il fonctionne correctement, est censé offrir l’infrastructure nécessaire pour satisfaire les besoins de ses nombreux usagers. Aujourd’hui, en France, 90% des transports de marchandises ou de personnes s’effectuent par la route.
Les rues, elles, ont dessiné les villes. Elles sont également devenues les supports de toutes les mobilités et mutent progressivement en lieux de de partage, de services et même de vie dans un certain nombre d’espaces urbains.
L’essor de “la ville connectée” et les évolutions récentes des nouvelles technologies et des modes de vie, de consommation et de déplacements ne font qu’accentuer ce rôle de premier réseau social.
En effet, sur nos routes et nos rues, les usagers sont aussi citoyens lorsque, avec leur smartphones, ils nourrissent les bases de données d’applications telles que Fix-My-Street ou DansMaRue. Il ne s’agitlà que d’un aspect de ce que l’on appelle désormais “la ville connectée”. Les équipements de la route servent l’information routière ou multimodale, le véhicule dialogue avec l’infrastructure, l’auto-partage succède au vélo-partage, l’homme se déplace en étant connecté ou géo-localisé : le web a bousculé la logistique urbaine. Chaque exploitant s’enrichit de l’apport d’une gestion dynamique des trafics. La Délégation Interministérielle à la Sécurité et à la Circulation Routières utilise également des sites internet participatifs pour faire évoluer les mentalités et responsabiliser l’opinion. D’autres évolutions techniques et sociétales sont à venir.
Il nous appartient aujourd’hui de redéfinir collectivement les fondamentaux qui permettront à notre patrimoine routier d’assurer ce rôle de premier réseau social, tout en s’adaptant aux contraintes économiques et sociales actuelles et en intégrant les impératifs de la transition énergétique et écologique.
C’est tout le sens de la conférence organisée par l’IDRRIM le 1er octobre prochain “Routes et Rues : Premier réseau social !” qui permettra aux élus, aux acteurs publics et privés (Etat, collectivités, entreprises), universitaires et usagers d’échanger et d’apporter les premiers éléments de réponse.
Paris
Le 30/09/2013