Insuffisant. C’est ainsi que les principales organisations viticole jugent le plan de relance de la filière viticole. Présenté il y a peu par le gouvernement, ce plan de soutien prévoit une enveloppe de 100 M€ d’exonérations de charges sociales patronales et de cotisations sociales pour les exploitants et une enveloppe de 140 M€ pour accompagner un plan de distillation de deux millions d’hectolitres de vin.
Face à la crise d’ampleur qu’affronte la filière – marchés et salons annulés, restaurants fermés, difficultés pour trouver de la main d’œuvre saisonnière, problèmes de trésorerie, conflit commercial avec les États-Unis, instabilités des marchés internationaux -, les co-présidents de l’Anev (Association nationale des élus de la vigne et du vin) proposent leur propre version de ce plan.
Une approche plus globale
Composé de 14 mesures, il élargit le périmètre des annonces gouvernementales en proposant notamment la défiscalisation de la réintégration de 50 % des sommes épargnées au titre de la DEP (dotation pour épargne de précaution), afin de couvrir les salaires des employés des exploitations, l’annulation des coûts des crédits bancaires en cours ou encore l’autorisation de l’entrée en France des travailleurs saisonniers européens.
Nathalie Delattre, sénatrice de Gironde et co-présidente de l’Anev, se dit “un peu étonnée que le ministre de l’Agriculture ne nous parle que de la distillation de crise”. Ne miser que sur cette voie ne suffit pas : “Nous défendons un bouquet de propositions, avec de la distillation de crise, pour maintenir une trésorerie dans certaines exploitations, mais aussi des mesures d’aide au stockage et aux vendanges en vert pour pouvoir maîtriser la prochaine rentrée”.
Le sénateur socialiste de la Gironde Hervé Gillé plaide aussi pour une approche globale et un appui financier pour relancer la dynamique commerciale et reconquérir des parts de marchés. Par ailleurs, un fonds d’aide européen pour faire face à la taxe Trump sur les vins français est toujours espéré par certains élus.
Nathalie Delattre espère de nouvelles mesures. “Pour l’instant, on est en dessous de ce que la profession mérite et attend pour se relever. Le marché français n’explosera pas et notre marge de manœuvre est essentiellement à l’export mais pour cela, il faut que nous soyons prêts”. Un pari loin d’être gagné : selon la fédération des exportateurs de vins et spiritueux, les exportations de vin ont chuté de 12 % (1,84 milliard d’euros) au 1er trimestre 2020 et de près de 20 % en mars.