C’est dans un communiqué de presse bilingue (français-breton) que le “Front démocratique de libération des Mariannes” (FDLM) a annoncé la libération du buste communal : ” Marianne outragée ; Marianne brisée ; Marianne martyrisée ; mais Marianne libérée ! Libérée par des citoyens ayant entendu son appel au secours, ne pouvant rester de marbre à la voir figée de grès ou de force sur son socle…” Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces étranges militants n’ont pas la langue de marbre et manie l’humour avec un certain talent ! Une forme d’ironie qui, on peut le comprendre, n’a pas réjoui le maire de Quimper, conseiller à l’Élysée, Bernard Poignant.
Lors de la découverte du vol du buste dans la salle des mariages la semaine dernière, la commune avait décidé de déposer une main courant au commissariat de police tandis que la directrice de cabinet du maire, Nathalie Conan, appelait les voleurs-ravisseurs à la raison : “Je suggère aux auteurs du vol de rapporter le buste. Leur action est puérile et vraiment peu glorieuse.“
Une histoire de langues…
Et l’on s’interroge, on se perd en conjectures… Que revendiquent-ils ? Sont-ils comme les fameux membres du Font de libération des nains de jardin, de doux dingues un peu poètes ou, alors, vraiment dangereux ? Si l’on en croit le communiqué du FDLM, cet enlèvement est avant tout un acte politique : “Nous, commando du FDLM, revendiquons l’action ayant abouti à la libération de la Marianne de Quimper, symbole de la démocratie bafouée en Bretagne.” Appelant à la ratification de la charte des langues régionales et à la réunification de la Bretagne, le groupe espère même faire école : “Ensemble nous pouvons offrir à toutes les Mariannes le bol d’air dont elles ont besoin, en espérant que pendant les vacances, la République française apprenne à se montrer digne de son visage.“
Tiens, tiens… comme un air de déjà-vu… Bon sang ! Mais c’est bien sûr ! Le FDLM avait déjà sévi il y a quelques années au Pays Basque, à Ustaritz, Mauléon… et l’un de ses membres s’était retrouvé devant la justice. C’était en 2002 et, à cette époque, le procureur de la République, reconnaissant le caractère “symbolique” du délit, avait requis trois mois d’emprisonnement avec sursis et 500 euros d’amende.
Pour Bernard Poignant, interrogé par Le Télégramme, le point de vue n’est évidemment pas le même : “Quand on vole Marianne, c’est qu’on n’aime pas la République. Ceux qui l’ont dérobée peuvent nous la redéposer dans le hall d’accueil de la mairie, pour montrer qu’ils restent attachés à la République. C’est un beau régime, imparfait mais beau.”
C’est sur une plage abandonnée, non loin des coquillages et des crustacés, que Marianne est réapparue, portant chapeau de paille et lunettes de soleil. Souhaitons qu’elle n’ait pas oublié sa crème solaire parce que lire un ouvrage sur la désobéissance civile en plein soleil…