“Je suis ouvert à ce qu’on travaille [avec les collectivités] sur des outils qui permettent de renforcer la coproduction de sécurité”, a déclaré le ministre de l’Intérieur, le 17 octobre, lors de l’émission Vous avez la parole de France 2, en réponse à une interpellation du maire LR de Cannes David Lisnard. Ce dernier, déplorant un “manque de confiance dans les élus locaux” et un “retard opérationnel qui pose problème”, a notamment plaidé pour une meilleure connexion entre les services de police, mais aussi pour que la police municipale puisse avoir accès au fichier des personnes recherchées ou procéder à des contrôles d’identité.
Soulignant qu’il n’était “pas forcément évident” de donner l’accès à ce fichier à tous les maires de France, Christophe Castaner a en revanche indiqué qu’il était prêt à examiner l’ouverture de cet accès sous “le contrôle du juge”, comme proposé par David Lisnard (voir aussi encadré ci-dessous).
Cette demande d’accès aux fichiers – et plus généralement d’une plus grande intégration des collectivités en matière de prévention de la radicalisation – n’est pas nouvelle. C’était l’une des recommandations du rapport Thourot-Fauvergue de septembre 2018, et précédemment du rapport sur la prévention de la radicalisation remis par la délégation aux collectivités territoriales du Sénat au printemps 2017.
Nécessité de passer à l’action
Dans un communiqué, cette dernière vient d’ailleurs d’exhorter le gouvernement de passer à l’action. Jean-Marie Bockel, président de la délégation, demande au gouvernement de “nommer rapidement” au secrétariat général du comité interministériel pour la prévention de la délinquance et de la radicalisation “une personnalité en capacité de redonner une dynamique interministérielle à la politique nationale de lutte contre la radicalisation”, jugeant “incompréhensible” qu’il ne l’ait toujours pas fait. Suite au départ de Muriel Domenach, nommée ambassadrice représentante permanente au Conseil de l’Otan, le poste est occupé par intérim par Michel Hurlin depuis le 1er août.
La délégation estime qu’il est également “temps de réaliser une première évaluation sérieuse du plan national de prévention de la radicalisation présenté le 23 février 2018”. Un premier bilan a bien été tiré par le Premier ministre le 11 avril dernier, mais interrogée par nos soins, la délégation précise qu’elle attend davantage une “évaluation conduite par les corps d’inspection, dotée d’une véritable méthodologie”…
Prévention de la délinquance : une stratégie toujours attendue
Enfin, la délégation souligne l’urgence “de finaliser la nouvelle stratégie nationale de prévention de la délinquance, attendue depuis 2017” et, dans ce cadre, “de conforter la coproduction locale de sécurité, fondée sur le partenariat entre les services de l’État et les collectivités territoriales”. Si le Premier ministre a relancé la concertation sur ce sujet ces tout derniers jours, les positions des différents ministères, ou ministres, pas toujours conciliables (comme en témoignent les récentes discordances autour du port du voile), rendent l’exercice complexe…
De son côté, la délégation va lancer un cycle d’auditions sur l’ancrage territorial des forces de sécurité intérieure. Le directeur général de la police nationale ouvrira le bal le 14 novembre. La délégation souhaite notamment dresser l’état des dispositifs partenariaux État/collectivités, alors que les conseil locaux de sécurité et de prévention de la délinquance, notamment, “semblent s’essouffler”. Les liens entre sécurité privée et collectivités territoriales, “dimension émergente”, seront également au menu des débats.