Le 1er janvier 2018, la nouvelle compétence Gemapi devra être exercée par les intercommunalités pour gérer l’eau globalement à l’échelle des bassins versants. Les actions de restauration des rivières et de lutte contre les inondations sont en effet encore trop souvent conduites de façon séparée alors qu’elles sont complémentaires. L’appel à projets de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse visait donc à encourager un nouveau mode de gestion des rivières : plus respectueux du fonctionnement naturel de la rivière, il améliore aussi la sécurité des habitants vis-à-vis des inondations.
Des territoires très concernés
Le plus grand nombre de projets financés par l’Agence de l’eau provient des régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes Côte d’Azur, et concerne principalement les territoires urbains et périurbains, où les crues provoquent de nombreux dégâts humains et matériels.
Les actions destinées à enrayer les inondations sont majoritairement orientées autour de deux axes : laisser plus d’espace à la rivière (reculer ou supprimer certaines digues ou seuils, accroitre les champs d’expansion des crues…) et ralentir les écoulements de l’eau (créer des méandres, laisser circuler les sédiments…).
“Un projet magnifique”
C’est le cas par exemple pour la commune de Palau Del Vidre (Pyrénées orientales) qui va élargir le tracé du Tanyari, affluent du Tech, pour éviter les inondations en zone urbanisée. Elle va également modifier trois seuils existants pour permettre la migration des barbeaux méridionaux et des anguilles. “Au départ, nous voulions juste élargir le cours d’eau pour limiter les débordements“, explique Marcel Descossy, maire de Palau. “Puis nous avons ajouté une composante écologique avec le syndicat du Tech. Ça prend du temps, mais c’est un projet magnifique : nous allons protéger la population du village, en améliorant le fonctionnement naturel de la rivière“. Ce projet évalué à 2M€ est aidé par l’Agence de l’eau à hauteur de 1,6 M€.”
Reculer la route et élargir le lit
Autre exemple, la communauté de communes Hermitage-Tournonais (Ardèche) qui, après avoir mené une réflexion globale à l’échelle du bassin versant a engagé des travaux sur la Bouterne à Tain l’Hermitage (Drôme) pour protéger la ville des inondations. “Suite aux intempéries de 2008 qui avaient causé beaucoup de dégâts, trois bassins de rétention d’eau ont déjà été créés“, explique André Arzalier, vice-président de la communauté de communes. “Puis, en zone péri-urbaine, nous avons reculé une route pour élargir le lit de la Bouterne de 4 mètres et se protéger d’une crue centennale.“
La végétalisation des berges est en cours. Le plus gros chantier à venir, en amont de Tain où les terrains sont moins vulnérables, consiste à augmenter la capacité de la rivière en favorisant des pentes de berges plus douces afin d’accroître les zones d’expansion des crues et de redonner de l’espace à la rivière ».
Enfin, la suppression de seuils en rivière rétablira la circulation des poissons et des sédiments, limitant ainsi l’érosion des berges. “Ces aménagements ont nécessité du dialogue avec les riverains et au final, nous espérons que les résultats seront à la hauteur des investissements”, conclut l’élu. 2,5 millions d’euros de travaux sont prévus dont 920.000 euros d’aides de l’Agence de l’eau.
Une forte mobilisation
Pour Laurent Roy, directeur général de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, “Ces projets dessinent les contours de la nouvelle compétence Gemapi confiée aux intercommunalités à partir du 1er janvier 2018. Les travaux, les acquisitions foncières et les études qui seront financés dans le cadre de cet appel à projets témoignent de la forte mobilisation des acteurs et de la maturité des réflexions et des actions actuellement en cours sur cette double thématique. L’Agence vient de publier un nouveau livret qui présente 20 projets de restauration de rivières parmi les 66 retenus. Les élus trouveront là des informations très concrètes pour les aider à définir la compétence Gemapi dans leurs collectivités. 