Ursula von der Leyen a dévoilé le 27 mai devant le Parlement européen les grandes lignes de son fonds de relance, adossé à un cadre financier pluriannuel (CFP) 2021-2027 “révisé”, pour faire face à la crise économique. Un CFP de 1.100 milliards d’euros, soit grosso modo le même montant que celui présenté par la présidence finlandaise en décembre dernier. Et un montant très éloigné des attentes du président français, qui avait considéré à la sortie du dernier conseil européen qu’un “budget, autour d’un point du PNB européen aujourd’hui, n’est plus à la bonne taille”.
Sans précédent
Comparaison n’est toutefois pas raison, puisque viendrait prendre place au sommet de ce CFP un nouvel instrument de relance, baptisé Next Generation EU, doté de 750 milliards d’euros. La présidente souligne qu’en cumulant les deux, et en ajoutant les trois filets de sécurité de 540 milliards d’euros déjà adoptés par le Parlement et le Conseil (voir notre article), c’est un budget total de près de 2.400 milliards d’euros qui est proposé. Sans précédent.
Frugaux contre latins
Les débats se font particulièrement âpres autour des modalités de ce nouvel instrument, entre promoteurs de prêts – les “frugaux” – ou partisans de subventions – les “latins”. Ici, la balance penche davantage en faveur de ces derniers, puisque la présidente de la Commission a indiqué que les 750 milliards de Next Generation EU – qui seront comme prévu empruntés par la Commission sur les marchés financiers, notamment grâce à une augmentation de ses ressources propres – seraient distribués à hauteur de 500 milliards sous la forme de subventions et de 250 milliards sous la forme de crédits.
“Ces subventions sont un investissement commun dans notre avenir, cela n’a rien à voir avec les endettements des États membres”, a insisté Ursula von der Leyen, soucieuse de rassurer les États nordiques. Elle s’est aussi employée à souligner que ces “subventions constituent clairement des investissements dans nos priorités européennes”.
Examen le 19 juin
Reste à attendre les réactions des États membres, que le président du Conseil, Charles Michel, a “exhorté à examiner rapidement la proposition de la Commission et à œuvrer de manière constructive à un compromis dans le meilleur intérêt de l’Union”. Le projet sera examiné lors du conseil européen ordinaire du 19 juin 2020. “Tout devrait être fait pour parvenir à un accord avant les vacances d’été”, espère-t-il. Un horizon à la fois lointain, compte tenu de l’urgence, et ambitieux, compte tenu des positions très éloignées des uns et des autres. Nul doute que le Parlement européen ne manquera pas de faire entendre sa voix.