Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), opérateur historique du réseau piézométrique – en charge des quelque 1.600 capteurs qui mesurent l’état du niveau des nappes d’eau – présentait à la presse ce 11 juin un nouvel outil de prévision baptisé “MétéoEAU Nappes”. Le site éponyme aura pour but d’informer en temps réel “sur l’évolution des nappes souterraines et de prédire leurs niveaux pour les mois à venir”, résume Jérôme Nicolas, responsable du réseau national de surveillance de l’état quantitatif des eaux souterraines et co-responsable du projet. Une façon de répondre aux attentes croissantes des gestionnaires et des utilisateurs d’eaux souterraines face aux dérèglements climatiques. Le projet fait ainsi écho aux nombreuses interrogations après l’exceptionnelle sécheresse de 2019 (85 départements ont pris des mesures de restriction), mais pourrait “également servir à gérer les risques inondations”, remarque-t-il. Il s’agit en effet d’un “service d’aide à la décision pour la gestion de l’eau sur les territoires” permettant aux décideurs, services de l’Etat et collectivités territoriales, et aux usagers, et au premier chef le monde agricole, d’anticiper des problématiques de restriction voire de prévenir les conflits d’usage, ce qui s’avère important en période de sécheresse notamment.
Produire et diffuser des données brutes quotidiennement est déjà possible aujourd’hui via la base nationale Ades. Le BRGM cherche désormais à produire ces données “valorisées” à partir de ses outils de modélisation numérique. L’objectif est de publier en temps réel les courbes d’évolution des nappes, et même de prédire leur niveau pour les 3 à 6 mois à venir (en hautes et basses eaux) en fonction de scénarios préétablis (prévisions du comportement des aquifères). En clair, passer d’un bulletin de situation hydrologique (BSH) “actuel” à un “BSH prévisionnel”. Sur le concept du “bulletin météo”, les données prédictives seront rafraîchies automatiquement grâce à l’utilisation et au croisement en quasi-temps réel des données pour tenir compte des épisodes pluvieux qui pourraient avoir un impact. L’interface web “facile d’utilisation et compréhensible” (cartes et courbes en temps réel, fiches dynamiques etc.), promet Jérôme Nicolas, sera en principe disponible à la rentrée, après les derniers réglages.
Selon le dernier bilan du BRGM, au 1er juin, les tendances restent “hétérogènes”, mais la situation est globalement satisfaisante, “avec des niveaux supérieurs à la moyenne sur une grande partie du territoire. La recharge 2019-2020 des nappes phréatiques a été nettement supérieure à la moyenne, du fait de pluies efficaces précoces et conséquentes, et a généré des niveaux particulièrement hauts sur certaines nappes, en particulier du bassin aquitain et sur le pourtour méditerranéen, qui ont en outre bénéficié d’apports supplémentaires en mai. Une situation “moins favorable” sur une large partie Nord-Est, les nappes de la plaine d’Alsace, des couloirs de la Saône et du Rhône et de l’est du Massif Centre affichant toujours “des niveaux modérément bas à bas, conséquences de déficits pluviométriques successifs”. Mais les épisodes de pluie attendus en juin “pourraient avoir un effet bénéfique localement sur les nappes les plus réactives”. Les tendances des nappes inertielles devraient quant à elles “rester orientées vers la baisse et la situation ne devrait pas se modifier”.