Dire que le Mont Saint-Michel risque un « déclassement » du patrimoine mondial serait aller un peu vite en besogne. Toujours est-il que l’Unesco demande à la France de revoir quelque peu sa copie, notamment sur le périmètre d’exclusion des éoliennes, le projet de passerelle qui doit remplacer l’actuelle digue-route entre le rocher et la côte en 2015 et la zone commerciale de « La Caserne ».
Un impact visuel mal évalué
L’annulation d’un projet de trois éoliennes à 22 kilomètres du Mont-Saint-Michel, annoncée début avril, ainsi qu’une future zone d’exclusion de 20 à 40 km autour du Mont, ne suffisent pas à l’Unesco. C’est la raison pour laquelle l’Organisation demande à la France de réétudier la zone d’exclusion et son mode de calcul, qu’elle juge avec sévérité, estimant que « les méthodes actuelles d’évaluation de l’impact visuel des éoliennes sur le bien étaient subjectives, voire parfois contradictoires. Aucun outil spécifique n’est utilisé pour examiner l’impact sur les perspectives visuelles depuis le Mont. »
Une mission de l’Organisation qui s’était rendue au Mont du 22 au 24 novembre 2011, soulignait dans son rapport avoir : « pris note de la présence d’éoliennes qui sont visibles depuis le Mont-Saint-Michel même à plus de 20 kilomètres de distance – tel le parc éolien de Trémeheuc, situé à environ 23 kilomètres du site. » Ce document estimait même que « Le mouvement des hélices des éoliennes dans la journée et les lumières la nuit ont un effet préjudiciable à ce qui est considéré comme un paysage éternel de terre et d’eau. Les éoliennes interrompent les perspectives visuelles du Mont, en particulier pour les pèlerins »
Une question de hauteur
D’autre part, l’Unesco envisage de demander une modification du projet de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel (RCM). Il s’agirait de baisser la hauteur du terre-plein sur lequel doit s’appuyer, à l’arrivée au Mont, le pont passerelle qui doit remplacer l’actuelle digue-route en 2015. L’organisation « demande à l’Etat partie de garantir que la hauteur de la zone d’accès érigée aux abords immédiats du Mont (terre-plein) ne dépasse pas 6,80 mètres afin de minimiser son impact visuel à côté des remparts et de l’entrée principale. »
Enfin, et pour la première fois, l’Unesco recommande « qu’un projet soit élaboré pour le secteur dénommé « La Caserne » afin de réduire son actuelle vocation commerciale et d’y installer des logements pour les résidents, des zones de parking dissimulées et des espaces publics. »
Autant de raisons pour lesquelles l’Unesco estime qu’il est urgent « d’élaborer d’élaborer et d’adopter un plan de gestion du bien et de mettre en place un mécanisme de gestion mieux coordonné autour d’un « Comité de gestion du site », capable d’intégrer les besoins en termes de conservation du patrimoine, de planification urbaine et d’agriculture. »
Réponse dans quelques jours…