Faisant suite à un premier opus rendu en octobre 2013 portant sur le bouclage financier du projet de rétablissement du caractère maritime (RCM) du mont Saint-Michel, le second volet mis en ligne le 8 décembre par le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) trace la feuille de route pour la période postérieure à l’été 2015, date d’achèvement des travaux d’aménagement. La mission s’est attachée à dresser l’inventaire d’un certain nombre de difficultés ou de faiblesses inhérentes au mont Saint-Michel, “que l’importance de l’enjeu technique et la mobilisation des acteurs en faveur de ce grand projet avaient jusqu’à présent reléguées au second plan”. Ce lieu emblématique, de renommée internationale (2,5 à 3 millions de visiteurs annuels) souffre paradoxalement d’une “absence de vision stratégique sur le plan touristique, culturel, économique”, et ce en dépit d’une baisse de 9% de la fréquentation de l’abbaye depuis 2011. Les causes en sont multiples et “partagées entre l’Etat et les collectivités concernées”, relève le rapport. A la multiplicité des acteurs (syndicat mixte de la baie du mont-Saint-Michel, collectivités locales, ministères, opérateurs de l’Etat, Unesco, Centre des monuments nationaux, conservatoire du littoral etc.) correspondent “la multiplicité et l’enchevêtrement des procédures, notamment en matière de protection” et “l’absence de projet global prospectif”. Le rapport détermine les grands axes d’une stratégie touristique adaptée aux enjeux du projet culturel et environnemental préalablement défini dont il fixe le cadre.
Création d’une structure ah hoc
Sur le plan de la gouvernance, la mission écarte un certain nombre d’hypothèses (renforcement du syndicat mixte, regroupement des communes concernées, renforcement de la coordination sous l’égide du préfet de région, mise en place d’un contrat de destination ou d’une “opération grand site”), privilégiant l’organisation, sur le périmètre inscrit par l’Unesco, d’une “opération d’intérêt national”(OIN). Un établissement public ad hoc, le cas échéant par le recours à une loi, “chargé de définir un projet de territoire, de le piloter et de le gérer”, lui serait adossé pour l’aménagement et la gestion touristiques. Cette perspective aurait “l’avantage d’associer fortement l’Etat et les collectivités locales dans un partenariat durable et d’autoriser la mise en place de régimes dérogatoires en matière d’aménagement, dont on peut escompter une simplification des procédures et, partant, une harmonisation et une accélération des prises de décision”. L’hypothèse retenue impliquerait la dissolution du syndicat mixte, dont les droits et obligations seraient transférés à cet établissement public. Ce dispositif serait en outre accompagné d’un certain nombre de transferts de compétences au titre des codes de l’urbanisme, de l’environnement et du patrimoine et de simplifications administratives via la création d’un “guichet unique” au sein du nouvel établissement. Pour son financement, la mission préconise enfin le recours à des subventions publiques réparties selon un protocole financier.
Contrat de destination touristique
Sans attendre la fin de l’opération d’aménagement, l’Etat et les différents acteurs des deux régions – Basse-Normandie et Bretagne – ont lancé “un projet de développement et de promotion touristique d’envergure internationale pour le mont Saint-Michel et sa baie, de Granville à Saint-Malo”, doté de plus de 1,3 million d’euros. Dans un communiqué daté du 11 décembre, la préfecture de la région Basse-Normandie et le président du syndicat mixte Baie du mont Saint-Michel réaffirment ainsi leur volonté “de relancer l’offre touristique sous toutes ses formes, patrimoniale, historique, paysagère, environnementale et spirituelle”. Cette mobilisation de tous les acteurs professionnels et institutionnels concernés par l’avenir du grand site trouve sa traduction dans un contrat-cadre de destination touristique “Le mont Saint-Michel et sa baie”. Il sera décliné “en autant d’actions de qualité” (information, accueil, visites, transports, hébergements, restauration…). Le contrat comporte également un volet marketing et communication “qui portera ses efforts vers la conquête de clientèles internationales encore peu présentes sur le site et notamment celles des pays émergents adeptes d’un tourisme spirituel (Inde, Brésil) ou en forte croissance (Chine, Corée du Sud…)”. Pour intéressante qu’elle soit, cette voie ne répond qu’à une partie des objectifs définis par le rapport, “dans la mesure où elle n’apporte par elle-même ni de solution opérationnelle structurée et unifiée à la gestion des équipements, qu’il s’agisse des équipements, du rétablissement du caractère maritime ou de l’accueil des visiteurs sur le site proche (La Caserne), ni de capacité décisionnaire”, estime le CGEDD.