Le “Sommet des maires sur le futur de l’Europe” a rassemblé 17 maires et 17 adjoints provenant de toute l’Europe, ainsi que des représentants des institutions Européennes, dont 2 vice-présidents de commissions : Frans Timmermans (AN) et Jyrki Katainen (FI), ainsi que la commissaire Corina Cretu (RO), et le vice-Premier Ministre de Malte : Louis Grech.
Daniel Termont, maire de Gand et président d’Eurocités a appelé ses collègues à la mobilisation et a déclaré par ailleurs : “Alors que les dirigeants européens vont bientôt célébrer le 60e anniversaire du traité de Rome, l’Europe se trouve à un tournant de son histoire. Profitons de cet événement pour réaffirmer notre engagement aux valeurs fondamentales de l’Europe : le respect, la démocratie, la liberté et l’égalité. Faisons cela pour les européens. En travaillant avec les villes, les institutions européennes peuvent développer de nouveaux moyens d’engager les citoyens et s’inspirer par leur expérience du terrain.“
L’opinion publique, inquiète pour l’avenir de ses enfants
Parmi les contributions essentielles, on notera également noter celle de Karin Wanngård, vice-présidente d’Eurocités et maire de Stockholm. Pour elle, la crise de confiance envers les institutions est beaucoup plus ancrée au sein de l’opinion publique, inquiète pour l’avenir de ses enfants. Ce nationalisme, a-t-elle expliqué, provient des inégalités sociaux-économiques grandissantes dans une économie mondialisée avec la perception de dirigeants politiques qui ne représenteraient pas les intérêts des citoyens européens. “En toile de fond, le Brexit est un véritable défi pour la construction européenne. Ainsi les “opting in” n’ont pas pu s’exprimer alors que le Royaume-Uni bénéficie amplement de la construction européenne, de la liberté de circulation des personnes et des biens. Ce sont malheureusement des préoccupations intérieures qui ont prévalu avec le résultat que l’on connaît.“
Sur le visage de tous les élus présents, la gravité s’était imposée car ils savent mieux que quiconque ce qui est en train de se jouer dans leur collectivité. L’un d’entre eux a d’ailleurs témoigné de cette “étrange ambiance” qui règne dans certaines communes : “Nous devons faire face à la montée du populisme et nous avons grand besoin d’un engagement plus résolu des institutions européennes, trop éloignées et insuffisamment réactives.”
Faire confiance aux citoyens européens
En réponse à ces problématiques, Eurocités a retenu 3 mesures pour endiguer le scepticisme ambiant et pour relancer le mouvement européen.
– Les maires doivent continuer à s’engager eux-mêmes personnellement pour une meilleure Europe plus proche des citoyens. Beaucoup de réseaux de villes en sont la manifestation. Par ailleurs, les villes sont toujours en 1ère ligne et s’investissent quotidiennement pour le développement économique, la réduction des inégalités, la préservation de l’environnement. Les Eurocités ont affirmé qu’elles s’engageraient davantage encore dans la construction d’une Europe qui doit être proche du citoyen.
– Une Europe plus forte qui doit commencer par le service aux citoyens. Les institutions de quelque niveau, qu’elles soient européennes, administrations centrales des États ou des institutions locales, doivent faire confiance aux citoyens européens dont les initiatives sont innombrables pour construire au quotidien ce qui fait les valeurs de l’Union. C’est par ces multiples contributions, par cette relation de confiance et cette collaboration entre les citoyens et les dirigeants des structures publiques que la démocratie locale se construit : il s’agit d’une coopération au sens propre du terme.
– Travailler en étroite collaboration avec les villes. Il n’y a pas de démocratie sans collaboration effective entre les niveaux de gouvernance. C’est une lapalissade, néanmoins, les structures de décision, villes, États, Union, doivent encore faire des progrès sur cette question. Dans cette action concertée, l’expérience des maires des grandes métropoles est un atout pour faire remonter vers les dirigeants nationaux et européens les véritables expériences qui marchent et qui peuvent être traduites dans un cadre législatif plus pertinent. A Braga (Portugal) par exemple, les citoyens participent à des forums ouverts, pendant lesquels sont présentés des projets d’ampleurs soutenus par l’UE, et ce, pour les habitants de la métropole. Paris a un processus de budget participatif, permettant aux citoyens de voter pour des projets. La ville de Rotterdam a mis au point des procédures de co-création d’initiatives avec les citoyens, par exemple dans le domaine de la sécurité des quartiers. Stockholm utilise une application depuis deux ans qui permet aux citoyens de soumettre des questions, des idées ou des requêtes relatives à l’environnement ou à la circulation.
S’exprimant au nom de ses collègues, Karin Wanngard a souhaité que le rôle des collectivités locales soit inscrit dans la déclaration du Sommet de Rome qui le 25 mars 2017 marquera le 60e anniversaire du traité instituant la Communauté Économique Européenne.