Le système d’alerte et d’information des populations fragilisé par un manque d’ambition

 

Dans son rapport d'information (n°595 - 28 juin 2017), le sénateur Jean-Pierre Vogel alerte sur les faiblesses du SAIP et formule six recommandations pour davantage de fiabilité.

 

 

Le système d’alerte et d’information des populations (SAIP), initié en 2009 par le ministère de l’Intérieur, vise à mettre en en réseau les différents vecteurs d’alerte disponibles en cas d’événement grave justifiant d’alerter la population (attentat, catastrophe naturelle ou industrielle, etc). Il repose sur une application smartphone lancée en 2016 ainsi que sur un réseau de 2 830 sirènes qui devrait, d’ici 2020, en compter plus de 5 000 et constituer le “principal vecteur de l’alerte“.

Le volet “sirènes” concentre près de 80 pourcents des crédits prévus sur un financement de 44,7 millions échelonné de 2012 à 2019 (36,8 millions d’euros restant à planifier à partir de 2020), alors même que leur impact apparaît beaucoup plus faible que celui de la téléphonie mobile, qui ne bénéficie pourtant que de 11 pourcents des crédits consommés ou prévus pour ce projet. Les sirènes ne sont ainsi quasiment jamais utilisées dans d’autres contextes que ceux des essais hebdomadaires.

Le volet “téléphonie mobile” est marqué par des revirements qui ont conduit à revoir fortement à la baisse ses ambitions initiales. Alors qu’une technologie permettant de diffuser un message sur l’ensemble des téléphones mobiles présents sur une zone d’alerte était initialement privilégiée, elle a été a été remplacée, en 2015, par le développement d’une application smartphone (nommée SAIP) en libre téléchargement.
Partant de ces constats, Jean Pierre Vogel, rapporteur spécial du programme “Sécurité civile” de la mission “Sécurités” formule six recommandations visant à faire du SAIP un moyen efficace et fiable de diffusion de l’alerte.

 

Les principales recommandations

– Afin de favoriser le développement d’autres moyens d’alerte (smartphones, médias, etc.) et pour en améliorer la diffusion, renoncer à la doctrine faisant des sirènes le “vecteur principal” de diffusion de l’alerte.

Rééquilibrer les crédits de la phase 2, en renforçant le financement du volet « mobile » pour garantir la mise en place soit d’une application smartphone pleinement efficace (scénario 2) soit le recours au Cell Broadcast (scénario 1).

– Pour permettre au ministère de l’Intérieur de faire face aux projets informatiques d’envergure, prévoir une procédure exigeant la formulation d’un cahier des charges précis élaboré en amont de la notification du marché et un éventuel appui de la direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’État (DINSIC), lorsque la complexité le commande, même si le coût du projet est inférieur au seuil réglementaire.

Effectuer, d’ici 2019, une évaluation de l’application SAIP, afin de déterminer sa pertinence en comparaison du Cell Broadcast, et réajuster le déploiement de la phase 2 en conséquence, afin de garantir la fiabilité et l’efficacité de l’alerte par téléphonie mobile.
*Scénario 1 : en cas d’abandon, à la suite de cette évaluation, de l’application smartphone comme vecteur principal de l’alerte par téléphonie mobile, assurer son remplacement par la technologie Cell Broadcast, en lien avec les opérateurs, dans le courant des années 2020 et 2021.
*Scénario 2 : en cas de confirmation du principe de l’application comme principal vecteur de l’alerte par téléphone mobile, fiabiliser l’application SAIP et poursuivre la publicité en sa faveur afin d’augmenter le nombre de téléchargements en vue d’atteindre une masse critique permettant d’en faire un vecteur efficace de l’alerte (objectif de 5 millions de téléchargements fin 2020).

Corriger en urgence les principales défaillances persistantes de l’application SAIP qui nuisent à sa fiabilité et à son ergonomie, comme les géolocalisations inopinées, la consommation excessive de batterie et, surtout, la nécessité de conserver l’application ouverte en tâche de fond.

Modifier la doctrine d’emploi de l’application afin d’y relayer, même lorsqu’ils semblent maîtrisés, l’ensemble des événements pouvant mettre en cause la sécurité des personnes sur un territoire, afin notamment d’éviter une désaffection de la part du public pour ce dispositif.

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