Dans son rapport intitulé « Pollution de l’air : le coût de l’inaction » et publié le 15 juillet, une commission d’enquête sénatoriale évalue globalement à 101,3 milliards d’euros le coût annuel de la pollution de l’air. « Mais l’exercice d’évaluation reste difficile à mener », reconnaît Leïla Aïchi, sénatrice de Paris et rapporteure de cette commission. Elle pointe le manque d’études liées notamment aux impacts économiques de cette pollution sur les rendements agricoles – « hormis pour la seule pollution à l’ozone sur le blé ! – ou sur la dégradation des bâtiments publics et la perte nette de biodiversité. Même constat pour les interactions avec la pollution de l’eau, « connues mais peu étudiées ».
Des études trop restrictives
Les études, de toute façon, ne prennent généralement en compte qu’un ou deux polluants, l’ozone et certaines particules fines. « D’autres passent à la trappe, les effets cocktails restent mal cernés et évalués ». Cette commission préconise en ce sens la création d’une structure de recherche interdisciplinaire amenée à travailler en prise avec l’Institut de veille sanitaire (InVS) et l’Anses. Au ministère de l’Ecologie, la réaction à ce rapport fort d’une soixantaine de propositions ne s’est pas faite attendre : Ségolène Royal a promis dans sa foulée, dès la semaine prochaine, des « mesures extrêmement fermes ».
Ce rapport n’hésite par ailleurs pas à pointer « l’échec des mesures prises depuis vingt ans ». Jean-François Husson, sénateur de Meurthe-et-Moselle et président de la commission, propose d’évaluer et d’adapter, à l’occasion de ses vingt ans en 2016, le contenu de la loi Laure (loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie). Garantir l’indépendance et consolider le financement des associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (Aasqa) fait aussi figure de priorité. Pour réduire la diésélisation du parc français et des flottes automobiles, le rapport prône un alignement progressif d’ici 2020 de l’écart entre essence et gazole.
De la pédagogie
Elle reste essentielle et la commission propose de mener des campagnes courageuses informant la population des impacts liés aux activités récréatives (feux de cheminée, jardinage). Et de promouvoir l’expérience menée dans la vallée de l’Arve, où « cela n’a pas été facile à faire passer, sur un territoire où les habitants avaient pris l’habitude de se chauffer au bois, mais se plaignaient en parallèle de la qualité de l’air, sans faire le lien entre les deux ».