L’installation était en test depuis quelques semaines. La nouvelle plateforme logistique de CPCU à Saint-Ouen (93) a été inaugurée le 10 mars par William Delannoy, maire de la ville, et Célia Blauel, adjointe à la maire de Paris. Pour CPCU, c’est l’aboutissement d’un projet de 5 ans : 3 ans d’études et de faisabilité, puis 2 ans de travaux.
La nouvelle plateforme représente un budget de 75 millions d’euros, dont la moitié financée par la Banque européenne d’investissement (BEI). Elle va alimenter les chaudières CPCU de Saint-Ouen. Ces chaudières fonctionnaient au charbon. Avec la nouvelle plateforme, elles vont aussi être approvionnées en granulés de bois. « Techniquement, les chaudières ne sont pas compatibles avec un taux en bois de 100 %. Pour l’instant, elles consommeront donc 50 % de biomasse et 50 % de charbon. Progressivement, nous allons essayer de monter à 60 % de bois », précise Frédéric Martin, président de CPCU.
Fini le fioul !
Pour les cinq premières années, ces granulés viendront des États-Unis en bateau jusqu’à Rouen, puis en train jusqu’à la plateforme. « L’installation a besoin de 140000 tonnes de granulés par an. La filière française n’est pas structurée pour un volume aussi grand », justifie le dirigeant. CPCU prévoit déjà de lancer un nouvel appel d’offres en 2017 et espère, cette fois, s’approvisionner en France. En tout cas, la plateforme va lui permettre d’introduire 10 à 12 % de bois dans son mix de production. Ajoutez 1 à 2 % de géothermie, 2 % d’huiles végétales et 40 % de valorisation énergétique des déchets ménagers : les énergies renouvelables et de récupération devraient composer plus de la moitié de son mix.
Le solde proviendra du gaz naturel (30%) et du charbon (16%). « Nous avons complètement arrêté notre approvisionnement en fioul fin 2015 », souligne Marc Barrier, directeur général de CPCU. Pour l’essentiel, ce fioul a été remplacé par du gaz naturel. Mais pas seulement. « Quatre chaudières dans Paris vont accueillir des huiles végétales », ajoute Marc Barrier. Pour l’instant, il s’agit de biocombustibles de première génération, mais CPCU prévoit de lancer un appel d’offres d’ici à deux ans pour passer à la deuxième génération en privilégiant les filières cellulosiques.
Forte baisse des émissions
Avec ce programme, CPCU devrait réduire ses émissions de CO2 de 25 %, soit 300000 tonnes par an. L’entreprise revendique aussi de fortes diminutions des émissions de dioxyde de soufre (-98%), de poussières (-90%) et d’oxydes d’azote (-85%). CPCU est une entreprise publique locale détenue majoritairement par Engie (ex-GDF Suez) à hauteur de 64,4 %. Le deuxième actionnaire est la Ville de Paris avec 33,5 % des parts. En produisant 5,2 TWh de chaleur par an, elle dessert 17 communes, dont la capitale française, grâce à un réseau de 480 kilomètres. Elle alimente l’équivalent de 500000 logements, dont un tiers des logements collectifs parisiens.