C’est un « jour historique » qui célèbre « la victoire du lobbying acharné des industriels et de la fabrication d’un mensonge d’Etat », a déclaré Claire Nouvian, fondatrice de l’association Bloom. « Remercions en premier lieu le gouvernement de François Hollande et les socialistes du Parlement européen pour ses positions indéfendables qui achèvent de discréditer le pouvoir en place. » L’UMP, allié au Parti Socialiste, a également rejeté la proposition de règlement.
La méthode de pêche la plus destructrice de l’histoire
Le chalutage en eaux profondes menace les espèces d’eaux profondes, qui vivent entre 200 et 1500 mètres de profondeur, leurs habitats et leurs écosystèmes. Du fait de leur croissante lente, ces espèces sont particulièrement vulnérables à la pêche. La méthode de chalutage de fond, qui a été désignée par les chercheurs comme « la méthode de pêche la plus destructrice de l’histoire », entraîne des niveaux élevés de captures indésirées de ces espèces (en moyenne de 20 à 40 % en poids). En outre, les habitats et écosystèmes de ces espèces sont largement inconnus.
Un cadre réglementaire insuffisant
La pêche en eaux profonde était déjà encadrée par des accords au sein de la Commission des pêches de l’Atlantique du Nord-Est (CPANE) et par le droit de l’Union européenne – à travers la politique commune de la pêche, la directive « Habitats », le règlement interdisant l’utilisation d’engins de fond en haute mer sans évaluation préalable de l’impact, ou encore le règlement établissant un régime spécifique d’accès pour les navires de pêche pratiquant des activités de pêche en eau profonde dans l’Atlantique du Nord-Est. Toutefois les mesures prises se sont révélées insuffisantes pour assurer la protection des espèces d’eau profonde et de leurs écosystèmes.
La mobilisation de la société civile
L’association Bloom avait lancé une pétition exhortant le président de la République à soutenir la proposition européenne, qui avait atteint plus de 750 000 signatures. La BD de Pénélope Bagieu, expliquant les effets dévastateurs du chalutage en eaux profondes et largement diffusée sur le web, invitait à signer la pétition. En soutien à ce mouvement, Carrefour avait annoncé le 9 décembre 2013 sa décision de retirer progressivement, d’ici juin 2014, les espèces profondes de ses étals.