Par un arrêté publié le 20 juillet, les ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture viennent d’autoriser la destruction de 40 loups pour la période du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018. La précédente campagne d’abattage qui s’est achevée le 30 juin dernier avait fixé le plafond à 36 spécimens. Faute de signature de l’arrêté interministériel, la FNSEA et la Fédération nationale ovine (FNO) dénonçaient, dans un communiqué daté du 13 juillet, “13 jours de vide juridique, 13 jours de massacre, 13 jours d’angoisse !”.
Mis en consultation en juin dernier, ce nouvel arrêté a d’ores et déjà provoqué une passe d’armes entre les associations de défense de ce mammifère et les organisations agricoles qui réclament de leur côté une “tolérance zéro” face à l’animal en raison des attaques contre les animaux d’élevage (lire notre article ci-contre). A l’appel du collectif Cap loup, une grande campagne de communication a été lancée dans la foulée de la consultation pour “l’arrêt des abattages et la mise en place d’une vraie politique de cohabitation entre les activités humaines et les loups”.
Vers une remise à plat du dispositif
Nicolas Hulot s’est finalement résigné à signer ce texte, tout en souhaitant “rendre à nouveau possible la cohabitation entre les loups et les éleveurs”. Pour le ministre de la Transition écologique, “l’urgence n’est pas la solution, il est grand temps de remettre à plat le dispositif actuel et coconstruire les conditions de coexistence avec le loup”. Nicolas Hulot, explique vouloir construire une stratégie “de terrain”, avec le ministre de l’Agriculture, fondée sur le dialogue entre toutes les parties prenantes et la coconstruction. “Notre objectif commun est de structurer un plan collectif permettant de diminuer significativement les actes de prédation et d’assurer la soutenabilité économique des mesures de protection mises en place pour nos éleveurs tout en permettant la préservation d’une espèce protégée”, déclare ainsi Stéphane Travert.
L’ensemble du dispositif sera revu “à la lumière des études existantes” et dans la perspective de l’établissement d’un plan national Loup “2018/2022”. Ce plan fera l’objet d’une concertation dès la rentrée, afin d’être mis en œuvre en janvier 2018. Il est en particulier “primordial de connaître le lien entre l’impact des tirs sur la dynamique démographique et spatiale du loup et la réponse attendue en termes de diminution des dommages”, fait valoir France nature environnement (FNE). En concertation avec les représentants des éleveurs et les organisations non gouvernementales, une étude a été lancée “pour mesurer l’efficacité des tirs sur la prédation de l’animal vis-à-vis des troupeaux”, indique le ministère.
Seuil intermédiaire
Pour éviter que le seuil des 40 spécimens ne soit atteint de manière précoce, un premier plafond de 32 loups est prévu par l’arrêté au-delà duquel les tirs de prélèvement sont interdits, au profit des tirs de défense, réalisés à proximité des troupeaux. Initialement le projet d’arrêté prévoyait une dérogation à l’interdiction des tirs de prélèvements pour les territoires subissant “un niveau de prédation important et récurrent et où très peu de loups ont été détruits depuis le début de la campagne”. Cette disposition a finalement été retirée du texte. Il reviendra au préfet coordonnateur “de définir des priorités concernant les tirs de prélèvement afin qu’ils soient mieux répartis tant sur le plan géographique, en fonction des foyers d’attaque, que dans le temps”, précise le ministère.
Le préfet veillera également “à la mise en place de cellules de suivi départementales, en concertation avec tous les partenaires, pour que des mesures adaptées aux situations locales puissent compléter le dispositif national, notamment dans l’accompagnement des éleveurs subissant la prédation”. Le ministère table aussi sur un renforcement du suivi des mesures de protection. “Ainsi lors de chaque attaque, le constat de dommages permettra désormais d’évaluer de façon précise les mesures mises en place pour protéger le troupeau”.