Après des années de gestation, le décret relatif à la défense extérieure contre l’incendie vient enfin d’être publié au Journal officiel du 1er mars. Engagée en 2004 avec la loi de modernisation de la sécurité civile, la réforme de la défense contre l’incendie a connu une étape notable à travers l’adoption de la loi n°2011-525 du 17 mai 2011 de simplification et d’amélioration de la qualité du droit (art. 77). Ce texte – codifié aux articles L.2225-1 et suivants du Code général des collectivités territoriales – a permis de clarifier les règles d’implantation et de gestion du million de points d’eau disséminés sur le territoire. De nombreux élus soulignaient en effet depuis longtemps l’inadéquation aux réalités locales de la réglementation en vigueur en matière de lutte contre l’incendie, en particulier dans les territoires ruraux en cas d’habitat dispersé. Jusqu’à l’adoption de la loi Warsmann de simplification du droit, le cadre juridique reposait sur les seuls pouvoirs de police générale des maires et sur une série de circulaires remontant à 1951. Toujours reportée, malgré l’avis favorable du bureau de l’Association des maires de France et de la Commission consultative d’évaluation des normes en 2012, l’application de la réforme demeurait suspendue à la publication d’un décret ainsi qu’à un référentiel national, d’où la légitime impatience des professionnels et des élus. Certes l’enjeu est de taille : il s’agit de permettre aux maires et aux présidents d’établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) d’ajuster les débits en fonction des circonstances locales dans le cadre d’une “fourchette de ressources en eau devant être disponibles en fonction des risques”, en particulier des différents types de bâtiment, d’habitat, ou d’urbanisme.
Règlements départementaux
La gestion de ce service public et le pouvoir de police administrative spéciale lié sont désormais transférables aux EPCI. Ainsi le décret précise-t-il les compétences des différents intervenants (maire, président d’EPCI) et les conditions de participation de tiers à ce service, selon une “approche réaliste, tenant compte des risques identifiés et des sujétions de terrain”, assure le ministère de l’Intérieur. Le texte distingue en outre clairement ce qui relève du service de l’eau potable de ce qui a trait à la défense contre l’incendie. Par ailleurs, la défense extérieure contre l’incendie communale n’est plus définie à partir de prescriptions nationales, mais repose sur l’élaboration par les services départementaux d’incendie et de secours (Sdis), d’ici deux ans, de règlements départementaux (ou interdépartementaux), arrêtés par les préfets, après concertation locale. Des schémas communaux de défense extérieure contre l’incendie – ou le cas échéant, intercommunaux -, permettront notamment de “vérifier l’adéquation entre la défense extérieure contre l’incendie existante et les risques à défendre” et en tant que de besoin, de planifier “la mise en place d’équipements supplémentaires”. Enfin, le décret définit la notion de “points d’eau incendie” et les opérations de contrôle dont ils font l’objet.
A noter, un catalogue de solutions techniques à disposition des acteurs territoriaux, à savoir le référentiel national de la défense extérieure contre l’incendie, devrait compléter le dispositif, par la voie d’un arrêté interministériel.