L’aéronautique, l’agroalimentaire, la viticulture… La troisième région économique française, après l’Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes, a de forte spécificités, notamment agricoles. Pour étudier les impacts de l’érosion du vivant sur l’ensemble de ces domaines qui sont vitaux à son économie, la collectivité prend les choses en main. Le 27 janvier, elle a dans ce sens dévoilé une initiative originale : “Un projet scientifique régional inédit”, vante son président, Alain Rousset.
Vivier de scientifiques
Ses prémices remontent à fin novembre dernier, avec la délibération de l’assemblée régionale en faveur d’une dynamique collective à mettre en place, reposant sur “un comité scientifique destiné à améliorer les liens entre les connaissances sur la biodiversité et ses écosystèmes, et la prise de décision”. En quoi consiste-t-il exactement ? “Sa gouvernance s’inspire de ce qui a déjà été mis en œuvre pour la mission d’expertise sur les impacts du changement climatique en Aquitaine, coordonnée par Hervé Le Treut. Sauf qu’ici un groupement de scientifiques va travailler durant deux ans sur cet autre enjeu d’importance que sont les impacts de l’érosion de la biodiversité sur notre territoire”, éclaire Nicolas Thierry, vice-président de la Région en charge de la biodiversité. Piloté par Vincent Bretagnolle, directeur de recherche au CNRS de Chizé (Deux-Sèvres), ce groupement s’appuiera donc sur un comité scientifique (6 à 8 scientifiques de renommée nationale) et un vivier d’une vingtaine de scientifiques régionaux qui suivront de près le fonctionnement du projet. Les sciences humaines y auront également leur place puisqu’un sociologue, Bruno Latour, est associé au projet.
Un bilan début 2019
Cette mission produira d’ici deux ans un état des lieux de la biodiversité dans la région et de l’impact de l’érosion de la biodiversité dans les socio-écosystèmes de son territoire. Un point d’étape est prévu durant l’été ou à la rentrée prochaine. De quoi raffermir les liens entre la collectivité et le milieu de la recherche. Et, peut-être, “constituer une préfiguration d’une action pouvant être relayée à l’échelle nationale, voire internationale en lien avec les travaux de la plate-forme intergouvernementale pour la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES)“. L’objectif n’est pas seulement d’aboutir à des diagnostics mais de dégager des pistes d’action possibles pour préserver la diversité du vivant. “Les élus ont besoin de solutions opérationnelles. Et il manque dans ce domaine des constats sérieux, objectifs et partagés”, ajoute Nicolas Thierry. Le budget prévisionnel de l’opération est, pour commencer, de 85.000 euros. Il sert à amorcer la pompe et à financer un poste de chargé d’animation scientifique. D’autres financements seront actés au fil de l’eau. A noter : ce “GIEC Biodiversité” régional va être amené à travailler avec la future Agence régionale de la biodiversité (ARB), non seulement pour “partager en continu des travaux scientifiques mais aussi pour proposer des leviers de décision communs à la région”.