Une tribune du maire de Saint-Chamond (Loire), président d’EPORA, Établissement public foncier d’État au cœur de la région Auvergne-Rhône-Alpes
“Cet exemple d’actualité est loin d’être un cas isolé : de nombreux élus, partout dans l’Hexagone, se mobilisent pour défendre la centralité dans leur village ou de leur ville, quelle que soit sa taille, qu’ils se situent en zone rurale ou péri-urbaine. Les décennies passées ont en effet encouragé l’étalement urbain, contribuant à la dévitalisation des centres-bourgs et des centres-villes : la construction de centres commerciaux en périphérie, le déploiement de résidences pavillonnaires à distance et le développement de zones d’activité sur des axes de communication ont contribué à vider les centres-villes de leur substance. Raréfaction des services publics, fermeture des commerces, logements vacants ou dégradés… pour mettre fin à cette spirale, il nous faut repenser l’aménagement du territoire non plus en silo, mais comme un tout, un écosystème avec des espaces de vie, en mixant logements, activités et commerces à la bonne échelle.
Mais soyons lucides : seuls, les élus n’ont en général pas les moyens de mener à bien ces projets ! D’une part, les dotations de l’Etat envers les collectivités locales sont à la baisse, d’autre part le montage de tels dossiers, qui peuvent s’avérer très chronophages, requiert des connaissances d’expert. En mars dernier, avec le lancement du plan « Cœur de ville », le gouvernement a manifesté sa volonté d’appuyer les initiatives des villes moyennes pour revitaliser leur centre-ville. Le cadre réglementaire va dans le bon sens, mais il est nécessaire qu’il aille plus loin encore. Il est en effet regrettable que ce dispositif soit uniquement réservé aux communes situées hors Métropole… D’autant que, bien souvent, les communes privées de ce programme d’aide ont déjà initié par elles-mêmes des actions intéressantes comme l’emploi de managers de centre-ville, le droit de préemption commercial, la rénovation de locaux, d’espaces publics ou encore la mise en lumière de rues piétonnes.
Dans tous les cas, les communes ne doivent pas rester isolées pour concrétiser leur projet de centralité. Les collectivités locales et les Etablissements publics fonciers (EPF) d’Etat, à l’image d’EPORA, constituent des partenaires de choix. Si l’élu local porte le projet à développer, il peut ainsi s’appuyer sur l’ingénierie et l’expertise de l’EPF pour le définir, élaborer la stratégie foncière adaptée et la mettre en œuvre, le tout en construisant avec l’ensemble des acteurs, services des collectivités, les services de l’Etat, bailleurs sociaux, aménageurs, promoteurs, architectes des bâtiments de France ou encore les agences. Des dispositifs tels que l’AMI* Centre-Bourg ou l’AMI Bailleurs sont par exemple particulièrement indiqués pour mettre en œuvre des politiques d’urbanisme visant à ramener de l’habitat et de la vie au centre des villes.
Nous devons nous placer à la bonne échelle et coconstruire ensemble. L’enjeu ? Aller dans le même sens, pour rendre nos villes à nouveau attractives, en donnant aux élus locaux les leviers opérationnels de leur dévouement au service de leur territoire.”
* Appel à manifestation d’intérêt. AMI Centre-Bourg : expérimentation nationale de revitalisation des communes rurales de moins de 10 000 habitants, lancée par le gouvernement en 2014, relayée par un dispositif régional par le préfet de Région Auvergne-Rhône-Alpes depuis mai 2015. AMI Bailleurs : dispositif innovant en faveur de la production de logements locatifs sociaux dans les communes du Rhône soumises aux obligations issues de la loi de solidarité et de renouvellement urbain (SRU), basé sur un protocole de coopération entre l’État, l’EPORA et les principaux bailleurs à partir de gisements fonciers identifiés avec les communes.