France Eau Publique (FEP) vient d’annoncer triomphalement qu’avec l’adhésion de Grand Lyon et de Bordeaux Métropole, le réseau des acteurs publics de l’eau atteint désormais les 100 adhérents. La gestion de l’eau potable en régie concerne désormais plus de 15 millions d’habitants, celle de l’assainissement 9,5 millions.
D’anecdotique il y a encore vingt ans, le mouvement du retour en régie s’est progressivement étendu et cela, quelles que soient les couleurs politiques des municipalités ou des intercommunalités : Grenoble en 2001, Paris en 2010, mais aussi Nice Côte d’Azur en 2014 et Montpellier en 2016 sont passées sur l’autre rive. Ce qui est vrai pour les métropoles l’est aussi pour des collectivités plus modestes, comme Digne-les-Bains (2008) ou le Pays de Gex (2018). Et les collectivités ultramarines ont pris une part non négligeable dans ce mouvement avec, pour exemple, l’élargissement de la régie de Fort-de-France aux communes limitrophes du Lamentin, de Saint-Joseph et de Schoelcher.
La bataille que se livrent les directions de Veolia et de Suez pour le contrôle du second n’a pas vraiment amélioré l’image des deux majors de l’eau auprès des collectivités concédantes. D’ailleurs, pour Christophe Lime, président de FEP et adjoint au maire de Besançon – une ville dont l’eau et l’assainissement sont en régie depuis… 1531 ! –, « dans un contexte de course à la concentration des acteurs privés de l’eau au service des seuls intérêts financiers et commerciaux, la gestion publique constitue une véritable alternative à la gestion déléguée ».
Du côté des compagnies privées, on relativise la tendance : « Il y a eu certes une vague de remunicipalisation de 2005 à 2012, reconnaît Frédéric Van Heems, directeur général de Veolia Eau France, qui nous assurait pourtant, dans notre édition du mois de janvier, que « depuis la loi NOTRe, la part de marché sous-traitée aux entreprises privées ou semi-publiques a augmenté, de l’ordre de 0,5 à 1 %, tant pour l’eau que pour l’assainissement. » FEP a des chiffres différents et le réseau considère que, depuis 2010, « la part de la population française desservie en gestion publique a ainsi connu une croissance progressive et régulière de 10 % ».
Maximilien Pellegrini, directeur général délégué de Suez Eau France, veut, quant à lui, « sortir du manichéisme tout régie-tout privé », affirmant sa foi dans « la forme contractuelle de la société d’économie mixte à opération unique – la Semop – qui permet à la collectivité d’être actrice et partenaire du délégataire ». Suez est d’ailleurs partenaire de plusieurs Semop, dont celles de Dijon (Côte d’Or) et de Dole (Jura).
Frédéric Van Heems considère aussi que les privés devront faire évoluer leurs prestations : « La DSP à l’ancienne, c’est terminé. Les élus veulent être impliqués dans la gouvernance. Aujourd’hui, Veolia défend le CSP (pour contrat de service public, NDLR). Et qu’y a-t-il de plus transparent qu’un contrat ? »
Alors que le défi climatique rend la gestion de la ressource eau de plus en plus technique et donc de plus en plus coûteuse, les collectivités pourront-elles se passer complètement du secteur privé ? L’heure est-elle à la rupture ou à la négociation ?
D’anecdotique il y a encore vingt ans, le mouvement du retour en régie s’est progressivement étendu et cela, quelles que soient les couleurs politiques des municipalités ou des intercommunalités : Grenoble en 2001, Paris en 2010, mais aussi Nice Côte d’Azur en 2014 et Montpellier en 2016 sont passées sur l’autre rive. Ce qui est vrai pour les métropoles l’est aussi pour des collectivités plus modestes, comme Digne-les-Bains (2008) ou le Pays de Gex (2018). Et les collectivités ultramarines ont pris une part non négligeable dans ce mouvement avec, pour exemple, l’élargissement de la régie de Fort-de-France aux communes limitrophes du Lamentin, de Saint-Joseph et de Schoelcher.
La bataille que se livrent les directions de Veolia et de Suez pour le contrôle du second n’a pas vraiment amélioré l’image des deux majors de l’eau auprès des collectivités concédantes. D’ailleurs, pour Christophe Lime, président de FEP et adjoint au maire de Besançon – une ville dont l’eau et l’assainissement sont en régie depuis… 1531 ! –, « dans un contexte de course à la concentration des acteurs privés de l’eau au service des seuls intérêts financiers et commerciaux, la gestion publique constitue une véritable alternative à la gestion déléguée ».
Du côté des compagnies privées, on relativise la tendance : « Il y a eu certes une vague de remunicipalisation de 2005 à 2012, reconnaît Frédéric Van Heems, directeur général de Veolia Eau France, qui nous assurait pourtant, dans notre édition du mois de janvier, que « depuis la loi NOTRe, la part de marché sous-traitée aux entreprises privées ou semi-publiques a augmenté, de l’ordre de 0,5 à 1 %, tant pour l’eau que pour l’assainissement. » FEP a des chiffres différents et le réseau considère que, depuis 2010, « la part de la population française desservie en gestion publique a ainsi connu une croissance progressive et régulière de 10 % ».
Maximilien Pellegrini, directeur général délégué de Suez Eau France, veut, quant à lui, « sortir du manichéisme tout régie-tout privé », affirmant sa foi dans « la forme contractuelle de la société d’économie mixte à opération unique – la Semop – qui permet à la collectivité d’être actrice et partenaire du délégataire ». Suez est d’ailleurs partenaire de plusieurs Semop, dont celles de Dijon (Côte d’Or) et de Dole (Jura).
Frédéric Van Heems considère aussi que les privés devront faire évoluer leurs prestations : « La DSP à l’ancienne, c’est terminé. Les élus veulent être impliqués dans la gouvernance. Aujourd’hui, Veolia défend le CSP (pour contrat de service public, NDLR). Et qu’y a-t-il de plus transparent qu’un contrat ? »
Alors que le défi climatique rend la gestion de la ressource eau de plus en plus technique et donc de plus en plus coûteuse, les collectivités pourront-elles se passer complètement du secteur privé ? L’heure est-elle à la rupture ou à la négociation ?