Le gouvernement porte une ambition constante depuis de nombreuses années : toucher 100% des jeunes. Un objectif ambitieux qui renvoie à l’engagement militant des collectivités locales qui ont développé depuis de nombreuses années un foisonnement d’initiatives locales à destination du plus grand nombre pour faciliter l’accès à la culture.
Mais cette ambition s’exprime dans une conjoncture financière fortement dégradée, propice aux injonctions contradictoires. A la rentrée 2017, le Gouvernement a invité les collectivités territoriales à faire plus sans préciser ni le périmètre précis ni les moyens affectés pour atteindre 100% des élèves touchés par l’EAC, alors qu’au travers de la contractualisation avec l’État, les grandes villes et intercommunalités française doivent maintenant contraindre l’augmentation de leurs dépenses de fonctionnement à 1,2% sans pouvoir prendre en compte le dynamisme de leurs recettes.
Dans ce contexte, France urbaine a souhaité commanditer à l’INET une étude sur l’EAC dans les grandes villes de France. Ce travail a été confié à quatre élèves administrateurs territoriaux de la Promotion Nina Simone entre septembre 2017 et juin 2018. Au travers d’un diagnostic au filtre territorial et des préconisations concrètes, il leur a été demandé d’identifier les leviers pour accompagner la transformation de l’EAC en une véritable politique publique locale comme l’implique l’atteinte des 100%.
5 actions, pragmatiques, opérationnelles et progressives
Leurs propositions, méthodes et leviers, visent à améliorer le maillage territorial des actions et la simplification des procédures administratives. Elles sont issues d’un travail de terrain, inspiré de la réalité des pratiques, des envies de nos territoires, de nos moyens pour les mettre en œuvre.
Définir un référentiel commun pour mieux agir en matière d’éducation artistique et culturelle
L’étude a permis d’identifier de grandes disparités dans les actions d’EAC et un manque de référentiel commun parmi les professionnels et les élusinterrogés.. Ce constat invite à établir une doctrine fondée sur trois principes :
· L’identification des trois piliers de la charte de l’EAC : Pratique artistique – Culture – Rencontre avec l’œuvre ou l’artiste
· La mesure de la qualité des dispositifs au travers d’un Indice d’Exposition à l’Art (IEA) rapportant le nombre d’heures d’intervention, leur fréquence et leur durée sur le nombre de public touché.
· Le positionnement de l’EAC dans un chaînage d’interventions publiques complémentaires qui peut ainsi créer de meilleures synergies avec notamment la sensibilisation artistique et l’enseignement spécialisé.
Préciser une stratégie d’intervention locale au regard d’un objectif gouvernemental ambitieux mais encore imprécis
– Comment maintenir la diversité des publics malgré l’objectif du 100% des enfants scolarisés ?
– Comment compléter les actions partagées sur le temps scolaire en déployant l’EAC sur tous les autres temps de l’enfant ?
– Comment préserver l’objectif de réduction des inégalités d’accès aux pratiques artistiques et culturelles dans le cadre de la généralisation de l’EAC ?
Conforter la gouvernance par l’affirmation d’un pilotage intercommunal
Le bloc communal est au cœur du financement et de la mobilisation des équipements. Son affirmation en matière de gouvernance est décisive pour permettre la généralisation. Au sein du bloc local, l’intercommunalité est apparue comme l’espace le plus pertinent, dans lequel l’EAC peut être un levier de solidarité et de cohésion territoriale.
Renforcer l’efficience et la mobilisation des moyens
La coordination interne de l’EAC dans les collectivités pourrait être matérialisée dans les organigrammes et la mise en œuvre d’un réseau d’encadrants de proximité. En matière de formation, facteur clé de la réussite, la mobilisation des ressources locales internes et externes aux collectivités est souvent améliorable. En matière financière, la nature croisée de l’EAC ne permet que rarement la valorisation fine de l’engagement local.
Garantir l’amélioration continue par le renforcement de l’évaluation
Pour accompagner les collectivités dans leur démarche d’évaluation, une grille d’auto positionnement est proposée. Celle-ci a pour ambition de faciliter les arbitrages locaux et de permettre à France urbaine de se positionner comme un lieu d’échange de bonnes pratiques, de réflexion et d’accélérateur du développement de l’EAC.
Pour en savoir plus : France urbaine
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