C’est un projet en trois temps que le réseau Pexe des éco-entreprises et l’Ademe Île-de-France ont dévoilé le 21 février dans les locaux de la direction régionale Île-de-France de la Banque des Territoires. Tout a commencé l’an dernier par une étude de caractérisation du tissu francilien des éco-entreprises, à laquelle 400 d’entre elles ont répondu. “C’est un vivier riche en compétences, une filière jeune – 63 % d’entre elles ont moins de dix ans – majoritairement composée de petites entreprises qui recrutent, misent sur la R&D et s’activent à l’export”, indique Louise Ayne, chargée de mission au Pexe. Des difficultés d’accès aux marchés publics et d’identification des bons interlocuteurs au sein des collectivités ayant été relevées, une seconde enquête a été réalisée de novembre 2018 à février 2019, cette fois auprès des territoires franciliens.
Ecouter les besoins
Une quarantaine ont répondu, en majorité des intercos, bailleurs et deux départements. Bonne nouvelle, leurs besoins correspondent peu ou prou aux spécialités de ces TPE/PME principalement présentes dans les secteurs des déchets, de l’efficacité énergétique et de l’aménagement durable. Récurrence qui ne laisse pas de surprendre, l’air et le bruit sont peu cités et sous-représentés “alors qu’ils sont au centre des plans climat air énergie territoriaux en cours d’élaboration par les intercos”, constate Louise Ayne. Il ressort aussi un manque de dialogue persistant au sein des collectivités entre les services achat et les responsables environnement. “On observe dans notre propre réseau de collectivités Teddif une méconnaissance de ce tissu d’éco-entreprises pourtant très fertile”, appuie Isabelle Robinot-Bertrand, chargée de mission au Cerema IDF. Teddif est en effet partenaire de ce projet qui se clôturera en juillet prochain par une rencontre Ecotech entre PME et territoires.
Valoriser les avancées
Pour répondre, comme dans un effet miroir, aux besoins des territoires, une quinzaine de PME et start-up ont été choisies à l’issue d’un appel à candidatures pour exposer leurs solutions et “pitcher” ce 21 février leurs avancées. “Nous aidons les villes à mesurer les gaz d’échappement des véhicules en conditions réelles de circulation au moyen d’un radar pollution”, propose par exemple Etienne de Vanssay, dirigeant de Rincent Air. Côté déchets diffus, la collecte des mégots de cigarettes a le vent en poupe : “Nous sommes les seuls à les recycler en une plaque de plastique à partir de laquelle on fabrique du mobilier urbain. Une mairie d’arrondissement parisien vient de s’équiper pour sa zone fumeur”, illustre Patrick Poirier, directeur associé de CKFD environnement. C’est dans ce même arrondissement pionnier (le 9e) que la start-up Love Your Waste a rodé son dispositif de collecte de biodéchets dans les cantines scolaires. Portée par un contexte législatif favorable, elle affiche 190 clients, collecte 18 tonnes par semaine, sensibilise au gaspillage alimentaire et s’apprête à innover à Vitry : “Façon circuit court, nous projetons d’y collecter, de traiter des biodéchets et de valoriser au sein de la même commune le biogaz et l’engrais naturel produits une fois qu’ils seront méthanisés”, annonce Jérôme Perrin, président de Love Your Waste.
Oser innover
Outil mis en avant, le décret du 24 décembre 2018 sur les achats innovants d’un montant inférieur à 100.000 euros : “C’est un bon levier, incitons les acheteurs publics à s’en emparer !”, motive Quentin Laurens chez Qarnot Computing. Après son radiateur-ordinateur dont la chaleur provient de micro-processeurs embarqués – le département de Gironde vient d’équiper pour la première fois un immeuble neuf de cette solution -, Qarnot dévoilera cet été une chaudière numérique sur le même système. Il faudra s’armer d’un peu plus de patience (2021) pour voir du mobilier urbain intégrer de l’éclairage “bio et sans électricité produit par des micro-organismes vivants” (Glowee). “Avec une centaine de chantiers à notre actif, nous sommes pour notre part opérationnels”, rebondit Késia Vasconcelos, cofondatrice de la place de marché Backacia dédiée au réemploi de matériaux de construction et positionnée sur un créneau bénéficiant de la dynamique des chantiers liés au Grand Paris. Enfin, la nécessaire adaptation au changement climatique génère son lot de besoins : des solutions d’aménagement pour optimiser la gestion des eaux pluviales et “rendre les villes plus respirables” (Jean-Christophe Grimard, responsable R&D de Le Prieuré) ou d’évaluation pour mieux tenir compte du phénomène des îlots de chaleur urbains (outil score ICU présenté par Nepsen).
Crédit photo : Vue aérienne prise en 2013 du chantier du quartier Trapèze au sud de Boulogne-Billancourt, © Ph. Guignard