De plus en plus de citadins veulent ouvrir leur commerce à la campagne

La commune de Doizieux (Loire) vient de reconstruire l’unique bar-restaurant du centre du village. Cette petite commune de 860 habitants, nichée dans les monts du Pilat, souhaite que son cœur de village reprenne vie. L’objectif étant de faire de cet établissement un multiservices avec bar, restaurant et épicerie de produits régionaux.

Le maire, Jean-Philippe Porcherot, cherche un couple de gérants qui pourrait être en lien avec les associations locales pour en faire un lieu multiservices et un lieu d’animation. La mairie précise qu’il est important que ce commerce soit ouvert le week-end, midi et soir. Le village est bien placé dans le parc du Pilat et voit passer de nombreux touristes qui vont randonner sur les crêtes.

Propos recueillis par Yannick Urrien.

Journal des Communes: Pour une petite commune, le bar restaurant est presque une sorte de mairie bis, parce que c’est le lieu où les personnes se retrouvent. Est-ce la raison pour laquelle vous vous battez pour la réouverture de ce commerce ?

Jean-Philippe Porcherot : C’est un commerce essentiel dans le sens où c’est un commerce qui crée du lien social, C’est aussi un commerce multiservices qui est ouvert à tous, donc les gens n’hésiteront pas à y aller. C’est un projet que nous avions initié il y a quelques années en rachetant I’ancien restaurant de Doizieux, que nous avons rasé et que nous avons reconstruit, en créant un logement attenant pour accueillir un couple de restaurateurs qui ne seraient pas de la région.

JDC: Certains pensent qu’il est difficile de trouver des exploitants, mais vous recevez beaucoup de candidatures…

JPP: En réalité, ce n’est pas difficile, c’est surtout une question de communication. Par exemple, nous avons France 3 qui est venue faire un reportage et, le lendemain de la diffusion nationale du reportage, nous avons reçu une trentaine de demandes. Maintenant, nous prenons les rendez-vous avec tous les porteurs de projets qui tiennent la route, c’est-à-dire des gens qui sont du métier. Nous allons essayer de privilégier un couple de restaurateurs. Nous avions fait une première annonce sur Le Bon Coin, nous avons reçu une dizaine de candidatures, mais cela ne correspondait pas aux attentes des élus. Depuis la semaine dernière, nous recevons vraiment beaucoup de demandes.

JDC: C’est aussi une activité qui peut faire rêver un couple…

JPP : Oui, il y a souvent de fausses illusions, on est heureux d’ouvrir un café-restaurant quand on est en couple, mais on ne mesure pas toujours la charge de travail. Maintenant, dans les nouveaux candidats que nous recevons, ce sont des restaurateurs qui ont bien conscience des difficultés spécifiques de ce métier. Nous avons des  demandes de toute la France. Les personnes qui travaillent dans la restauration dans les grandes villes ont envie d’avoir leur propre projet dans un milieu beaucoup plus apaisé.

Les personnes qui travaillent dans la restauration dans les grandes villes ont envie d’avoir leur propre projet dans un milieu beaucoup plus apaisé.

JDC: Si le restaurant fonctionne, cela peut-il inciter d’autres commerçants à s’installer ?

JPP: Nous avons déjà quatre restaurants, mais qui sont dispersés, mais nous n’en avions plus au centre bourg. Malheureusement, nous n’avons pas énormément de potentiel, en termes de population, pour accueillir d’autres commerces. La commune a racheté I’ancienne boulangerie, elle va rénover intégralement le magasin, nous venons de rénover une ancienne friche industrielle pour en faire notre nouvelle école, nous avons aussi créé des ateliers d’artisanat d’art et de textile. Peut-être que nous allons avoir de nouveaux ateliers d’artisanat, car c’est quelque chose que nous voulons relancer.

JDC: Les villes moyennes connaissent une forte expansion: l’avenir est-il à la ruralité ?

JPP: |l y a une très forte demande que l’on ne peut pas satisfaire sur le plan de l’urbanisme. À l’exception des anciennes granges qui pourraient être rénovées, nous manquons de potentiel de construction, sachant que les terres agricoles sont très protégées. Maintenant, avec le zéro artificialisation, nous sommes coincés. Notre population augmente de façon raisonnable, on arrive à maîtriser cela, donc il y a un avenir pour les zones rurales, sans plonger dans le développement à outrance, car cela gâcherait le charme des communes rurales. ll y a encore de la place pour des personnes qui ont des projets et qui n‘ont pas d’ambitions démesurées sur le plan professionnel, car on ne va pas installer une grande entreprise en milieu rural.

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